Pierre Pasquier, dernier pionnier

Jacques Tordjman, PDG de GFI, 67 ans, désormais parti en retraite, ne subsiste désormais qu'un seul représentant de cette génération de grands entrepreneurs français de l'informatique à conduire les destinées de l'entreprise qu'il a créée : Pierre Pasquier, 73 ans, PDG de Sopra Group. Ailleurs, le changement de génération au sein des couches dirigeantes de ces entreprises, souvent fondées à la fin des années 1960, a déjà eu lieu. Mais chez Sopra, le passage de témoin n'est toujours pas à l'ordre du jour.N'en déplaise aux analystes, journalistes, acheteurs et successeurs potentiels, qui lui posent rituellement la question de sa retraite, Pierre Pasquier ne semble pas pressé de s'effacer. « On me pose souvent cette question qui, de l'extérieur, peut paraître légitime. Mais je dois vous avouer qu'elle me semble toujours incongrue », déclare-t-il à « La Tribune ». « Le jour où je franchirai les portes de Sopra Group avec le sentiment d'accomplir une corvée, je saurai qu'il est temps pour moi de quitter mes fonctions. Mais je ne vois pas ce jour arriver ! »Issu d'un milieu modeste, Pierre Pasquier a fondé Sopra en 1968, à Annecy, après être passé par Bull et avoir participé à la création de Capgemini aux côtés de Serge Kampf. Sopra compte aujourd'hui 12.000 employés environ, a dépassé en 2007 le seuil du milliard d'euros de chiffre d'affaires et dégagé en 2008 une marge opérationnelle de 9,1 %, un niveau plus élevé que ses concurrents français Capgemini, Atos Origin ou Steria.indépendance du groupePierre Pasquier garde un contrôle capitalistique étroit de son groupe, détenant la moitié des parts du holding Sopra GMT, qui possède 37 % de Sopra. Pas franchement bling-bling ni âpre au gain ? ses directeurs généraux délégués sont mieux payés que lui ?, Pierre Pasquier semble déjouer l'adage selon lequel tout est achetable pourvu qu'on y mette le prix. Peut-être, tout simplement, parce qu'il ne saurait quoi faire de son temps et de ses millions. « Une retraite dorée sur une plage au soleil, c'est plaisant pendant trois jours. Mais à huit jours, je suis à mon maximum », souligne-t-il. Son intérêt est ailleurs. « Je me sens investi d'un rôle de gardien du projet d'indépendance du groupe et de garant de l'emploi des 12.000 personnes qui me font confiance », indique-t-il.Par le passé, il est arrivé au dirigeant d'évoquer un éventuel découplage des fonctions de président et de directeur général, resté purement théorique jusqu'à présent. Cette longévité a épuisé son dernier dauphin en date, Claude Decq, qui a quitté l'entreprise en 2006 en raison de divergences sur le « calendrier de (sa) prise de fonctions ». Aujourd'hui, son directeur général délégué, Dominique Illien, recruté chez Atos Origin, fait figure de successeur naturel, mais le PDG n'a pas dévoilé ses intentions à l'extérieur. Et la crise actuelle semble le galvaniser. « Dans une période comme celle que nous traversons, j'ai la naïveté de croire que [mon] expérience sert Sopra Group, qu'elle nous permettra de ne pas céder à la panique générale et de favoriser des décisions à long terme. C'est la cinquième ou sixième crise majeure que nous traversons, celle-ci recèle autant sinon plus d'opportunités que les précédentes et Sopra Group compte bien les saisir. »
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