L'opposition à la directive sur les hedge funds grandit

Gestion alternativeC'est un véritable coup de gueule que Paul Myners, le secrétaire d'État en charge de la City, a poussé hier contre Bruxelles. En marge d'une conférence organisée par l'association Business for New Europe, il s'est élevé contre le projet de directive européenne sur l'encadrement des fonds alternatifs (hedge funds et private equity, autrement dit fonds spéculatifs et fonds d'investissements). « C'est une mauvaise directive, qui fait preuve d'une mauvaise compréhension de ce secteur. Les mesures envisagées sont beaucoup trop brutales », a-t-il martelé. Il a révélé au passage qu'il s'était rendu lundi en Suède, pays qui prend la présidence de l'Union européenne la semaine prochaine, pour tenter de plaider la cause de la profession et de faire modifier le texte.manque de sagesseMais l'opposition à cette directive dépasse les frontières de la Grande-Bretagne où se situent l'immense majorité des fonds alternatifs européens. Jacques de Larosière, qui a récemment rendu un rapport sur la supervision financière européenne, se montre lui aussi très réticent. « Notre rapport ne mentionnait absolument pas le private equity, qui devrait être laissé de côté. Quant aux hedge funds, j'ai des doutes sur la sagesse des propositions. » Paradoxalement, c'est Adair Turner, le président de la FSA, le régulateur britannique, qui se montre le plus compréhensif : « Si les hedge funds deviennent tellement importants qu'ils acquièrent une stature systémique, il faudra alors mieux les réguler. » Les principaux reproches faits à la directive se concentrent sur son côté protectionniste et administratif. Une règle sur les dépositaires (prime broker) utilisés par les hedge funds prévoit que ceux-ci soient enregistrés en Europe. Or la plupart d'entre eux sont américains, ce qui reviendrait à les exclure automatiquement. De plus, les fonds alternatifs qui ne sont pas européens devront attendre trois ans avant de recevoir un agrément pour exercer en Europe. Enfin, la directive préconise un effet de levier de 200 % au maximum pour les fonds alternatifs, ce qui est largement inférieur à la pratique bancaire par exemple.Jacques de Larosière souligne également que les États-Unis ont aussi formulé des propositions très dures contre les hedge funds la semaine dernière. « Les deux documents posent de vrais problèmes », estime l'ancien gouverneur de la Banque de France.
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