Obama relance l'exploration pétrolière pour amadouer les majors

Pétrole contre climat. Voilà le « new deal » du gouvernement Obama, qui prévoit de relancer l'exploration de gisements de pétrole et de gaz naturel au large de certaines côtes américaines. Un paradoxe à double titre. Le pays refusait de relancer ce type de forages en dehors du golfe du Mexique depuis une vingtaine d'années, pour des motifs environnementaux. Les forages en mer entraînent souvent de petites marées noires peu prisées des populations côtières ; or les projets évoqués par l'administration Obama pourraient se situer à quelques miles seulement des plages de Virginie et de Floride. Surtout, la recherche d'hydrocarbures supplémentaires va à l'encontre de la réduction des émissions de CO2 du pays. Au lieu de favoriser le recours aux énergies renouvelables, elle ne fait qu'accroître la dépendance aux énergies fossiles, les plus émettrices de CO2. Mais les motifs du revirement semblent surtout politiques. « C'est une façon d'amadouer le lobby américain du pétrole, réticent à la loi sur le climat », estime Thomas Porcher, auteur d' « Un baril de pétrole contre 100 mensonges ». La loi sur l'énergie et le climat et le marché du CO2 qu'elle tente de mettre en place peinent à convaincre une poignée d'élus démocrates et républicains confondus, qui bloquent le processus législatif. La relance de l'exploration pétrolière pourrait infléchir la position de certains d'entre eux, y compris ceux de Virginie. L'American Petroleum Institute a d'ailleurs qualifié la relance de l'exploration de « développement positif » qui pourrait « générer des centaines d'emplois » et appelé à prendre en considération d'autres régions riches en hydrocarbures, comme la côte Pacifique et l'Alaska. pactoleCar le sous-sol du pays reste truffé d'or noir. Les réserves représenteraient 210 millions de milliards de barils selon les dernières estimations d' « Oil & Gas Journal », soit un tiers des gisements de l'Arabie Saoudite. Un pactole important pour le premier pays consommateur, qui engloutit tous les jours plus d'un quart du pétrole mondial, soit 23 millions de barils, et en produit 8 millions. Même si la décision pourrait s'avérer symbolique. Pour Leo Drollas, analyste au CGES (*), « l'ouverture de tout nouveau gisement est potentiellement une bonne nouvelle pour l'industrie, mais les forages effectués il y a une vingtaine d'années au large de la Virginie n'avaient pas été concluants ». Le spécialiste juge donc que les conséquences en termes de production sont loin d'être garanties et d'assurer au pays l'indépendance énergétique officiellement recherchée. En termes de barils, les gisements de la côte Pacifique et de l'Alaska auraient été plus prometteurs. Aline Robert(*) Center for Global Energy Studies.Les réserves représenteraient 210 millions de milliards de barils, soit un tiers des gisements de l'Arabie Saoudite.
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