Le G8 de l'Internet, un sommet très privé

L'initiative est présidentielle. Nicolas Sarkozy a voulu que le G8 de Deauville écoute les grands dirigeants de l'Internet avant de prendre position sur l'avenir du numérique. C'est dans cet esprit que le président de la République a invité à Paris, les 24 et 25 mai prochain, le gratin mondial du secteur à débattre des grandes problématiques du Web, qu'il s'agisse de l'impact des technologies sur la croissance et sur la démocratie, ou du financement des réseaux. Nicolas Sarkozy s'exprimera le 24 mai à 10 h 10 pendant 35 minutes devant les grands patrons Internet de la planète. Fait exceptionnel, une séance de questions-réponses de 15 minutes est même programmée dans la foulée, selon le préprogramme envoyé par Publicis. Pas d'appel d'offresC'est le président de la République qui convie, mais ce sont les invités qui paient. L'Élysée a limité sa participation financière à la mise à disposition du jardin des Tuileries et du Louvre. Charge au secteur privé de financer l'opération. Aux yeux de l'Élysée, c'est la garantie pour les acteurs d' « avoir une très grande liberté d'organisation dans les sujets. On n'a rien à soumettre à l'État », justifie le président du directoire de Publicis, Maurice Lévy, à « La Tribune ». Ce détail - et ses conséquences - avait échappé à certains participants. Un géant du Web américain spécialisé dans l'e-commerce raconte avoir reçu avec plaisir l'invitation du président de la République. Mais la surprise fut totale lorsque les équipes de Publicis ont annoncé, dans un second temps, les tarifs pour obtenir le logo en haut des affiches et une prise de parole. « Nous n'avions pas envisagé la dimension partenariale et sponsoring », indique une représentante française. L'Élysée n'a procédé à aucun appel d'offres pour sélectionner Publicis. La raison : « Le manque de temps », assure Maurice Lévy. Du coup, l'« eG8 Forum », dont le budget avoisine 3 millions d'euros, se finance comme une manifestation privée classique. Publicis propose trois niveaux de tarifs aux sponsors potentiels - 100.000 euros, 250.000 et 500.000 euros. À partir du deuxième palier, outre l'exposition de la marque sur les panneaux, les patrons ont le statut de « co-chairman » - Maurice Lévy étant le « chairman » (président) de l'eG8 Forum. Ce titre permet de « participer aux séances plénières, aux tables rondes, et d'être en contact avec les organisateurs sur le programme », précise le groupe de communication. Parler sur scène sera donc payant ? « Ce n'est pas parce qu'on paie que l'on parle et inversement. Les gens sont choisis sur leur compétence », dément le président de Publicis. La plupart des intervenants n'auront pas à (ou ne veulent pas) sortir le chéquier. Tout dépend du prestige de l'invité. Évidemment, les « co-chairmen » ont droit à la parole, comme au World Economic Forum de Davos, également organisé par Publicis. « Ce sont des super-VIP qui auraient eu naturellement leur place », justifie le président du groupe. Quid de l'utilisation d'éventuelles recettes issues de l'opération ? « Mon objectif est de perdre le moins d'argent possible. Je ne suis pas aux deux ?tiers des financements », objecte ?Maurice Lévy.
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