Murakami, du manga à Versailles

Il a pensé débarquer au château avec une armée de femmes, la troupe de « la Rose de Versailles », l'un de ses mangas préférés, transformé en comédie musicale. Et puis Takashi Murakami est revenu à la raison, préférant au final embarquer pour la France avec vingt-quatre pièces - essentiellement des sculptures - dans ses bagages. Et d'offrir aux visiteurs du domaine une confrontation inédite entre son univers ancré dans la bande dessinée nippone et l'antre de Louis XIV, « une vaste invention de pop art », souffle Jean-Jacques Aillagon, le maître des lieux, grâce auquel Versailles se transforme chaque automne en « hot spot » de l'art contemporain depuis qu'il a invité Jeff Koons puis Xavier Veilhan à y exposer. Aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands artistes contemporains de son pays, connu pour ses sculptures et ses installations figurant des personnages de mangas colorés, sans oublier ses interventions sur des sacs Louis Vuitton, Murakami n'a pas hésité une seconde à répondre à l'invitation.« Lorsque j'ai découvert Versailles, ça a été un éblouissement, raconte-t-il. Et plus encore lorsque j'ai compris que ce château avait été construit pour promouvoir les arts du pays et non pour se défendre contre une attaque extérieure. Jusqu'ici, je n'avais encore jamais montré mon travail dans un environnement patrimonial. Pour moi, cela revient à exposer au Palais impérial, chose que je ne pourrai probablement jamais faire au Japon. » Aussi s'est-il attelé à cette exposition - la première dans une institution française - avec soin. Pour ce faire, il a visité le château de fond en comble, étudié la signification de chaque salle, de chacune des oeuvres. Et cherché des correspondances avec les siennes. « Lorsqu'il n'y en avait pas, j'ai créé de nouvelles oeuvres. » Soit huit pièces inédites, éparpillées entre le jardin et les appartements du Roi-Soleil.On retrouvera ainsi l'inénarrable « Mr Pointy » dans le salon Hercule, tout en marbre et en dorure. Le personnage, coloré, semblable à une grenouille, devrait y répondre au « Repas chez Simon » de Véronèse ici accroché. « Oval Buddha Silver » a pour sa part trouvé refuge au salon de l'Abondance, probablement pour une question d'argent. Tandis que « Flower Matango » (bouquet multicolore de marguerites aussi riantes qu'angoissantes) devrait illuminer plus encore la galerie des Glaces. Ce face-à-face, qui s'annonce comme l'événement de la rentrée, devrait probablement aider les visiteurs à regarder Versailles d'une autre manière. « Habituellement, dans ce type de lieu, les gens font des images. Là, ils vont se fabriquer des souvenirs », espère Jean-Jacques Aillagon. Ceux d'une rentrée 2010 particulièrement réussie. Murakami Versailles, du 14 septembre au 12 décembre. www.chateauversailles.f
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