L'Etat et les industriels jouent de plus en plus au capital-risqueur

L\'amorçage est devenu le parent pauvre du capital-risque. Au second semestre 2012, 5% seulement des investissements réalisés par les fonds de « venture » français ont consisté en du capital d\'amorçage, destiné à financer les dépenses préalables à la création d\'une entreprise. A court de ressources financières, et donc plus que jamais contraints de dégager des retours sur investissements satisfaisants pour leurs actionnaires, les fonds de capital-risque allouent désormais l\'essentiel de leurs investissements à des start-up déjà matures et, partant, moins risquées.Mais, bonne nouvelle pour les jeunes pousses en devenir, l\'Etat et les industriels prennent le relais du capital-risque. En témoigne le lancement, ce mercredi, d\'un fonds d\'amorçage par le CEA (Commissariat à l\'énergie atomique et aux énergies alternatives), via sa filiale CEA Investissement, en partenariat avec le FNA (fonds national d\'amorçage, géré par CDC Entreprises) et les groupes industriels EDF, bioMérieux et Safran.Une dotation de 38 millions d\'eurosBaptisé ATI (Amorçage Technologique Investissement), ce fonds investira des tickets de 500.000 à 800.000 euros dans de toutes jeunes start-up technologiques françaises, présentes dans les secteurs de l\'énergie, de l\'environnement, de la santé, de la sécurité, ainsi que dans les micro et les nanotechnologies. Pour ce faire, ATI est doté de 38 millions d\'euros. Une somme qui provient à hauteur de 18 millions d\'euros du FNA, le CEA injectant 13 millions, l\'énergéticien EDF 4 millions, le motoriste Safran 2 millions et le spécialiste du diagnostic in vitro bioMérieux 1 million.95% des tickets investis en capital-risque contiennent une participation de la BPI« Le capital-risque est un axe de développement très important pour nous », explique Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque Publique d\'Investissement, dite BPI France, qui regroupe désormais CDC Entreprises, le FSI (Fonds stratégique d\'investissement) et Oséo. Et d\'insister : « 95% des tickets investis en capital-risque ou en amorçage, en France, contiennent une participation de BPI France. » Une participation qui s\'effectue notamment par le biais du FNA, créé en 2009 par le gouvernement Fillon pour remédier aux insuffisances des acteurs privés du capital-risque en matière de financement d\'amorçage. Opérationnel depuis avril 2011 et doté de 600 millions d\'euros, le FNA - qui ne prend pas de participations directes dans des start-up - a investi quelque 300 millions dans une dizaine de fonds d\'amorçage, le dernier en date étant ATI.Les industriels de plus en plus présents dans le capital-risqueComme les pouvoirs publics, les industriels montent en puissance dans le financement des start-up. EDF a créé l\'an dernier Electranova Capital, un fonds dédié aux investissements dans les cleantechs, ces technologies basées sur l\'utilisation de ressources naturelles. Quelques mois plus tôt, Orange et Publicis avaient donné naissance à un fonds destiné à investir dans des PME du numérique. De la même façon, bioMérieux est présent dans le capital-risque depuis 2009, avec le fonds Merieux Developpement. Il faut dire qu\'en s\'improvisant capital-risqueurs, les industriels font d\'une pierre deux coups : non seulement ils favorisent le développement d\'innovations susceptibles de leur être très utiles mais, de plus, ils peuvent récolter de confortables plus-values lors de la revente de leurs participations.Un taux de rendement de 8% à 10% pour CEA InvestissementCEA Investissement, présent dans l\'amorçage depuis près de 15 ans, fait ainsi état de « plusieurs sorties à fort multiple. » « Nos TRI (taux de rendement interne) sont de l\'ordre de 8% à 10%, ce qui est assez remarquable dans l\'amorçage », précise Régis Saleur, directeur général de CEA Investissement. Son secret ? « Les start-up financées par le CEA ont accès à ses laboratoires, salles blanches et autres infrastructures importantes. Ce qui limite leurs besoins financiers. Or, moins les fonds levés sont importants, plus le TRI est élevé. »   
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