Faillite du CIF : une hécatombe sociale en vue ?

Quelle sera la facture sociale au Crédit immobilier de France (CIF) ? Alors que l\'Etat va accorder sa garantie à l\'établissement de crédit, il a été annoncé en contrepartie que l\'activité résiduelle du CIF sera de gérer les prêts existants jusqu\'à extinction. Et même si le CIF a indiqué dans un communiqué qu\'il consacrerait \"toute (son) attention aux conséquences économiques et sociales de cette situation nouvelle\", un très grand nombre de salariés sont menacés. \"Le risque est de voir 2000 salariés au chômage\", s\'inquiète Gérald Parent, délégué syndical UNSA au Crédit Immobilier de France. \"Tout le monde est menacé\", indique de son côté la déléguée CFDT Françoise Francini. L\'arrêt de la production de crédits nouveaux \"touchera en premier lieu les commerciaux, en particulier dans les régions, et toute la chaîne qu\'il y a derrière\", indique Gérald Parent. Ce, sachant que les commerciaux représentent environ deux tiers des 2500 salariés du CIF, selon Françoise Francini.IncompréhensionGérald Parent fait aussi part de son incompréhension de la situation et demande des explications sur les annonces des derniers jours. Notamment celle de Moody\'s, mardi dernier, qui a diminué de 3 crans la note du CIF, le condamnant à l\'adossement à une banque ou à la reprise par l\'Etat. \"Aucun élément ne faisait penser qu\'une agence de notation pouvait dégrader la note du CIF pour la seule raison qu\'il tire ses ressources des marchés financiers\", indique-t-il. Il se demande du coup si \"la volonté de diminuer la note de 3 crans n\'était pas due à un problème technique de placement d\'argent\". Le délégué syndical est d\'autant plus surpris de la manière dont \"les choses se sont précipitées\", que selon lui, \"la production de crédits début 2012 était supérieure à celle de début 2011, et les ratios bancaires demandés par la Banque de France étaient bons\". Il ne goûte en outre pas \"la satisfaction générale des pouvoirs publics et des dirigeants\" du CIF, alors qu\'en \"aucun cas le devenir des 2000 salariés est à l\'ordre du jour\". Le conseil d\'administration du CIF s\'est en effet fendu d\'un communiqué, se montrant \"reconnaissant\" envers l\'Etat de lui accorder cette garantie qui lui permettra \"de respecter l\'ensemble de ses engagements financiers\". De son côté, l\'Etat s\'est pour l\'instant contenté de dire que \"l\'argent des contribuables ne sera pas mis en cause\". \"Nous attendons toujours d\'être reçus par la Direction, malgré les relances des syndicats et du comité de groupe\", indique Gérald Parent. C\'est \"une preuve du peu d\'intérêt porté à ce volet purement social. Nous n\'en resterons pas là\", déclare-t-il.Des déclarations annonciatricesDu côté de la CFDT, on indique que la demande en mai dernier de l\'Autorité des marchés financiers (AMF) de suspendre plusieurs obligations émises par le CIF, le contraignant à un adossement, était annonciatrice. \"Nous avons été officiellement averti en mai. Nous nous attendions donc a une catastrophe aussi importante. Nous aurions dû nous adosser à une banque !\", regrette Françoise Francini. \"Nous avons été jusqu\'au bout du bout\" face à l\'urgence de la situation ajoute-t-elle. Le CIF était en effet contraint de trouver un repreneur rapidement, notamment car il devait rembourser des échéances importantes en octobre. Mais l\'ouverture juste avant l\'été de la « data room », dédiée aux potentiels repreneurs, n\'a rien donné. Candidat attendu, la Banque Postale n\'a pas donné suite. Pour le reste, ils sont peu nombreux à s\'être bousculés au portillon. La faute selon beaucoup à Claude Sadoun, ancien directeur général du CIF, débarqué vendredi, et dont la tête \"ne passait plus les portes\" et pour qui \"les conditions de reprise n\'étaient jamais assez bonnes\", selon une source en interne. Il s\'opposait farouchement à un adossement du CIF et militait pour que ce dernier reste \"un groupe bancaire indépendant\". Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a d\'ailleurs déclaré à son sujet qu\'il avait \"si j\'ose dire, aussi sa part de responsabilité\", dans la déconfiture financière du CIF. \"Il faut que ce dirigeant s\'en aille sans indemnité de récompense ou retraite chapeau. Ca, ce serait profondément scandaleux !\", a-t-il ajouté. Selon la Tribune.fr, Bernard Sevez, nouveau PDG du CIF a signé un chèque d\'indemnité de retraite de 1,5 million d\'euros à Claude Sadoun. L\'information a été démentie par le CIF.
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