Vivendi devient seul actionnaire de SFR pour 7,7 milliards d'euros

Enfin ! Il aura fallu plus de huit ans à l'équipe dirigeante de Vivendi, arrivée aux commandes après la chute de Jean-Marie Messier à l'été 2002, pour être enfin maître chez elle au sein de SFR, sa filiale qui contribue le plus aux bénéfices. Vivendi était acheteur déclaré de longue date des 44 % entre les mains de l'opérateur britannique Vodafone. Le groupe dirigé par Jean-Bernard Lévy a finalement réussi à convaincre Vittorio Colao, le directeur général de Vodafone, en faisant un effort sur le prix sans céder complètement aux exigences de ce dernier. Le montant consenti de 7,7 milliards d'euros, auquel il faut ajouter 200 millions de dividende reflétant la génération de trésorerie attendue chez SFR au premier semestre, est « proche de la limite haute », observe Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James Equity. Vivendi paie un peu cher, l'équivalent de 6,5 fois le résultat brut d'exploitation de SFR, soit « 20 % au dessus des multiples sectoriels. »L'action Vivendi a gagné 0,58 % lundi. Cette transaction, que le groupe espère finaliser à la fin juin, après examen par les autorités de la concurrence, sans doute à Bruxelles, devrait lui permettre de réduire sa fameuse décote de holding pesant sur sa valeur, due précisément au fait que Vivendi ne contrôle pas à 100 % tous ses actifs, au premier rang desquels SFR. L'opération, dont l'intérêt est avant tout financier, n'aura pas d'impact sur le chiffre d'affaires ni sur le résultat d'exploitation de Vivendi, lequel consolide déjà intégralement SFR dans ses comptes. Plus de dividende à reverserMais le groupe français n'aura plus de dividende à reverser à l'actionnaire minoritaire (440 millions payés à Vodafone en janvier 2011 au titre de 2010), ce qui va augmenter son bénéfice net de 600 millions d'euros l'an prochain (par rapport aux 2,1 milliards dégagés en 2010), idem pour le cash-flow libre. Jean-Bernard Lévy a d'ailleurs annoncé que le groupe allait relever son dividende. La dette nette, réduite par la cession des parts dans NBC Universal pour 2,9 milliards d'euros en janvier, remontera à 13,5 milliards en fin d'année. L'agence Fitch a maintenu sa note BBB. Ce renforcement dans SFR ne change pas à proprement parler l'équilibre entre les télécoms, « vache à lait » du groupe, et les médias au sein de Vivendi. « L'idée est plutôt de générer du cash pour se développer dans les contenus », confie même un proche du président du directoire. Vivendi est toujours candidat au rachat des 20% de Lagardèrerave;re dans Canal Plus France, dont l'introduction en Bourse est suspendue, mais il n'est pas pressé. Il a montré que sa patience était grande et payante avec SFR. « Coopération commerciale »Pour le premier opérateur alternatif français, challenger de France Télécome;lécom, la sortie de Vodafone signifie la fin d'un pacte d'actionnaires qui lui interdisait de se déployer à l'international. Les développements au Maroc, au Brésil, ont été portés par la maison-mère Vivendi. Laquelle n'a pas l'intention de regrouper tous ses actifs télécoms dans une entité, considérant qu'il y a peu de synergies transnationales dans les télécoms et qu'il possède des marques fortes à l'étranger, comme Maroc Telecom ou GVT au Brésil. SFR peut désormais acheter une licence de téléphonie mobile ou fixe dans un pays émergent prometteur, mais l'opérateur va «se concentrer sur ses millions de clients en France » a déclaré Jean-Bernard Lévy. Pendant trois ans, une « coopération commerciale » (accords d'itinérance, grands comptes) sera maintenue avec son ancien actionnaire. « Vodafone aussi a les mains libres s'il veut acheter un actif en France, comme Bouygues Telecom, voire Iliad », relève un spécialiste du secteur.
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