L'encadrement européen des bonus fait grincer des dents les banquiers

Alors que le Parlement européen va officiellement voter mercredi le plus sévère encadrement des bonus au monde, qui entrera en vigueur en 2011, les banquiers commencent à faire entendre leur grogne. « Le Parlement va plus loin que prévu par les normes du G20, regrette Guido Ravoet, secrétaire général de la Fédération bancaire européenne. Cela va être un handicap pour attirer les gens les plus qualifiés. »En particulier, il s'inquiète de la limite du paiement en cash des bonus : ceux-ci doivent être différés entre 40 % et 60 % au-delà de trois ans. De plus, seule la moitié de ce qui est versé la première année peut l'être en liquide. Cela signifie que seul 20 % du bonus pourra être versé en liquide pour les plus gros bonus. Pour les autres, la limite sera de 30 %. « Un centre comme Singapour, qui ne fait même pas partie du G20, pourrait en profiter », avertit Guido Ravoet. Arlene McCarthy, député européenne travailliste britannique, rapporteur de cette directive, rejette l'accusation : « C'est une interprétation dure des principes du G20, mais cela n'en sort pas. » Quant à l'accusation d'affaiblir le secteur financier européen avec cette directive, elle le rejette d'un revers de la main : « franchement, les arbitrages seraient du court-termisme. Tous les autres pays se dirigent actuellement dans la même direction. » Elle se rend d'ailleurs aux Etats-Unis mi-juillet pour rencontrer des membres du congrès et du gouvernement américain, pour s'assurer que l'encadrement des bonus se fera dans le même sens.Autre surprise de la directive : certains hedge funds seront concernés. Plus précisément, la directive concerne les gérants des sociétés d'investissement couvertes par la directive Mif (marchés d'instruments financiers). Là encore, ce sera aux régulateurs nationaux de définir précisément ceux qui seront touchés. Mais un négociateur de la directive estime que cela devrait concerner « un bon nombre d'entre eux ».Peu de sympathiePourtant, malgré ces deux décisions qui dépassent les principes internationaux, les banquiers sont restés très discrets jusqu'à présent. L'association des banquiers britanniques estime, contre toute évidence, que « la régulation européenne est déjà en place au Royaume-Uni ». Pourquoi tant de discrétion ? « Je crois que les banquiers veulent se réserver pour la bataille sur la régulation sur les fonds propres (qui est actuellement en négociation), juge l'un des négociateurs de la directive. Beaucoup se plaignent en privé, mais ils ne veulent pas utiliser le peu de capital de sympathie qu'ils ont pour se battre sur les bonus. » Éric Albert, à Londre
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