Carmat pourrait lancer son coeur artificiel d'ici 2013

En matière d'innovation médicale, il faut savoir faire preuve d'une sacrée patience ! Vingt-trois ans après le premier brevet déposé par le professeur Alain Carpentier et dix-huit ans après le début des travaux engagés avec EADS, Carmat envisage de réaliser en fin d'année les premiers essais de son coeur artificiel total sur des patients. « Sous réserve de l'autorisation de l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) et de l'avis favorable des comités de protection des personnes », prévient toutefois Marcello Conviti, directeur général de la société créée en 2008 à Vélizy (Yvelines).Associant l'expérience médicale du professeur Carpentier (à l'origine des valves cardiaques Carpentier-Edwards) et l'expertise industrielle d'EADS, le projet Carmat est atypique et doit aboutir à la production du coeur artificiel « le plus avancé au monde ». Outre « sa taille, son poids et ses fonctions physiologiques inédites », deux innovations majeures le distinguent des prothèses des américains Syncardia destinées aux malades en attente de greffe et Abiomed. « Le coeur Carmat s'adapte automatiquement aux besoins du patient en réagissant aux efforts et à l'augmentation des flux sanguins, explique Patrick Coulombier, directeur général adjoint de Carmat. De plus, il ne génère pas de caillots, ce qui est capital dans ce genre de pathologie. »Carmat cible les malades souffrant d'insuffisance cardiaque terminale et se propose de pallier le manque notoire de greffons, sachant que sur les 100.000 personnes en attente de transplantation chaque année dans les pays développés, seules 4.000 sont satisfaites. Avant les premiers essais sur quatre à six malades fin 2011, la fiabilité de la prothèse a été testée sur un simulateur reproduisant le circuit vasculaire de l'homme. Outre les tests à l'effort, les bancs d'essai simulent également des accidents de santé de type hémorragie interne afin de vérifier les réactions du coeur artificiel dans toutes les circonstances. Pour poursuivre ses développements et mettre en place ses moyens de production, Carmat a levé 29,3 millions d'euros en juillet, s'ajoutant à l'augmentation de capital de 11,4 millions réalisée un an plus tôt lors de son introduction en Bourse. De quoi compléter les subventions et avances remboursables de 33 millions d'euros accordées par Oséo (aide la plus importante jamais octroyée) au fur et à mesure des avancées du projet, auxquelles s'ajoutent des aides du conseil général des Yvelines.DuplicationSi la fabrication des éléments de la prothèse est sous-traitée, Carmat assurera l'assemblage dans sa salle blanche dimensionnée pour produire 250 prothèses par an, « de quoi assurer les deux premières années », prévient Patrick Coulombier, qui annonce un coût d'intervention semblable à une transplantation, soit 250.000 euros, « mais aucun traitement immunosuppresseur ne sera nécessaire ensuite », soit une économie de 30.000 euros par an.Bien que la priorité de Carmat soit de réussir la commercialisation de son coeur artificiel total à compter de 2013, elle envisage déjà de dupliquer le modèle de fonctionnement industrialo-scientifique à la conception de prothèses d'autres organes tels que le pancréas.
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