Climat  : les scientifiques ont-ils menti  ?

Peut-on encore croire le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), chapoté par l'ONU et en charge d'appréhender le phénomène du réchauffement climatique et de trouver des pistes pour contrer cette tendance ? Depuis quelques mois, le doute se propage non seulement dans la presse (en particulier britannique), mais aussi au sein des instances scientifiques reconnues, qui n'hésitent plus à mettre en doute certaines conclusions du Giec. De plus en plus critiqué, son président, Rajendra Pachauri, est directement visé par des confrères, lesquels appellent même à sa démission et réclament une réforme profonde du groupe qu'il dirige. Quant à l'opinion publique, si prompte hier à adhérer à la thèse des dégâts causés par le réchauffement climatique, après la diffusion du films « Home » de Yann Arthus-Bertrand ou de celui de l'ancien vice-président américain Al Gore, « Une vérité qui dérange », elle risque de déchanter, après la série d'erreurs ou d'approximations commises par le Giec. Certes, l'organisme a su, en moins d'un quart de siècle, imposer la lutte contre le réchauffement climatique comme l'une des priorités politiques, poussant les décideurs à multiplier les contraintes, inventer des taxes et autres règles toutes plus impopulaires les unes que les autres. Mais, depuis quelques semaines, les climatologues du Giec ont perdu de leur superbe, et pas seulement à cause de l'échec, reconnu cette semaine par Nicolas Sarkozy, du sommet de Copenhague en décembre. "Climategate"La mise en cause du Giec a réellement débuté avec le « climategate », du nom de l'affaire des e-mails de l'unité de recherche sur le climat de l'université East Anglia qui ont été piratés par centaines en novembre 2009. Soit quelques semaines seulement avant la conférence de Copenhague... Dans l'un d'eux, le mot « trick », utilisé par un scientifique américain, Michael Mann, a fait scandale, car il laissait croire que sa démonstration sur le réchauffement était en réalité une manipulation. Certes, le scientifique vient d'être innocenté de toute mauvaise conduite par un collège de scientifiques. Mais le mot a jeté un trouble sur les méthodes de travail du Giec, accusées d'entretenir l'opacité. Impression de malaiseD'autant plus qu'au même moment un autre pavé, venu cette fois de l'université de Kiel, est jeté dans la marre. Un océanographe de renom, Mojib Latif, de l'institut Leibniz des sciences marines, a affirmé que la température s'est stabilisée ces dernières années et qu'il est possible qu'elle reste stable, voire diminue légèrement au cours de la décennie, voire de la suivante. La prévision est confortée par les chercheurs de l'université de East Anglia et du centre de recherche Hadley, en Grande-Bretagne : selon ce dernier, le thermomètre ne bougera pratiquement pas au cours des prochaines années (à peine + 0,2 C l'an), une hypothèse en complète contradiction avec les conclusions du Giec. Cette cacophonie n'a fait que nourrir une impression de malaise, savamment entretenue par les « négiationnistes », trop contents de marquer des points contre le Giec. Et lorsque Mojib Latif affirme ne pas déjuger le Giec, au motif que son horizon de pensée s'inscrit dans le siècle et ne se limite à pas aux deux prochaines décennies, il est déjà trop tard : la crédibilité de l'institution a été durement touchée. Bourdes incompréhensibles« Last but not least », Rajendra Pachauri vient piteusement d'admettre une erreur de date bien peu scientifique dans le rapport du Giec de 2007. Ce dernier a prévu la fonte possible des glaciers de l'Himalaya pour 2035. Une hypothèse aujourd'hui récusée et qui a été avancée de façon hasardeuse sur la foi de l' interview d'un glaciologue indien accordée en 1999 au magazine « New Scientist », reprise par l'ONG WWF avant d'être recyclée dans les pages du rapport du Giec consacrées aux impacts sur les régions.Point d'orgue du chemin de croix du Giec, aujourd'hui Rajendra Pachauri lui-même est directement mis en cause. D'une part, il n'a pu su éviter que se glissent dans le rapport du Giec des bourdes incompréhensibles s'agissant d'un document scientifique mobilisant les experts les plus illustres de la planète ; et, d'autre part, il est personnellement suspecté de tirer parti de sa position pour obtenir des contrats dans le domaine des changements climatiques. Une accusation bien fâcheuse pour un Prix Nobel de la paix.
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