Ce que l'engouement pour les MOOC aux Etats-Unis nous dit pour l'université en France

 En Californie comme aux Etats-Unis, le secteur de l\'enseignement supérieur est soumis à une pression croissante et doit justifier de sa valeur. La question de son financement mais aussi celle de sa réglementation se posent de façon de plus en plus pressante. Cristallisant ces débats, le cas particulier des MOOC a pris de l\'ampleur depuis l\'année dernière.Défi technologique, opportunité pour certains et menace pour d\'autres, la révolution du numérique oblige le secteur de l\'enseignement supérieur américain à réinventer sa « capacité d\'adaptation pour faire plus avec moins » (Rahul Choudaha, \"Three higher education trends to watch for in 2013\", in University World News, 19 janvier 2013, N° 255).Nouvelle dimension du coursUn MOOC (Massive Open Online Courses) est un cours en ligne ouvert à tous. Ce nouveau modèle d\'enseignement offre donc des contenus d\'apprentissage par le biais d\'internet pour toute personne qui souhaite suivre ce cours, cela sans limite de fréquentation ou de localisation. Cette flexibilité a fait que les MOOC ont connus au cours de l\'année 2012 un engouement certain.Cependant, il reste encore des obstacles à lever. Par exemple un MOOC en physique du MIT fut suivi en 2012 par des dizaines de milliers de personnes dans le monde mais seules quelques dizaines d\'individus ont un résultat convenable lors d\'un test. Cependant, le potentiel est réel et les MOOC possèdent la capacité de faire passer l\'enseignement supérieur américain et mondial dans une nouvelle dimension. Bien sûr, cette dynamique obligerait établissements et enseignants à repenser les contenus de leurs cours, la relation entre l\'apprenant et l\'enseignant mais aussi la relation entre le milieu universitaire et les citoyens.Brèche dans l\'enseignement classiqueLes MOOC ont d\'ailleurs suscité aux Etats-Unis des initiatives très sérieuses avec des projets comme edX (fruit d\'une collaboration entre Harvard et le MIT) ou Coursera (fondé par des professeurs de l\'université de Stanford) qui avait en mars 2013 2,8 millions d\'utilisateurs en 5 langues et 62 universités partenaires. Cependant, ces projets devront s\'affirmer en tant qu\'alternative viable et crédible à l\'enseignement traditionnel en présentiel (une collaboration avec edX a d\'ailleurs été rejetée en avril 2013 par Amherst College car ne correspondant pas à leur vision éducative).Cependant, aux Etats-Unis les MOOC, s\'ils ne vont probablement pas concurrencer le segment traditionnel des étudiants internationaux et des institutions d\'élites, pourraient transformer les attentes des élèves des campus satellites et provinciaux dits « brick and mortar ». Ce qui pourrait remettre en question leur durabilité et leur rentabilité. En effet, récemment l\'American Council on Education (ACE) a permis à cinq MOOC de Coursera de valider des crédits universitaire. Il s\'agit bien d\'une brèche ouverte dans le modèle économique classique de l\'enseignement supérieur aux Etats-Unis.Les établissements traditionnels menacés?Cela obligerait les établissements à combler le fossé entre les MOOC et le système de reconnaissance des titres classiques qu\'ils « perturbent » (les MOOC pouvant par exemple devenir des « produits d\'appel » vers les diplômes classiques d\'établissement, notamment pour les plus prestigieux). En revanche, pour les établissements moins réputés, la course aux équipements de ces dernières années (dortoirs, stades, bibliothèque, etc.) qui est en partie responsable des larges augmentations des frais d\'inscription ne pourra pas se poursuivre si les MOOC leur font une concurrence directe. La survie de certains de ces établissements serait même mise en cause.Une chose est sûre, cette utilisation du numérique dans l\'enseignement supérieur aura très certainement une grande incidence sur l\'organisation des établissements universitaires. Certains auteurs prédisent par exemple que dans une cinquantaine d\'année environ la moitié des établissements d\'enseignement supérieur des Etats-Unis aura disparu en raison de cette révolution technologique qui parait sur bien des points semblable à l\'invention de l\'imprimerie (Rahul Choudaha, \"Three higher education trends to watch for in 2013\", in University World News, 19 janvier 2013, N° 255).Retard françaisBien qu\'une telle prévision soit très difficile à évaluer, l\'impact de l\'enseignement à distance sera fondamental. La remise en cause du schéma classique « le professeur - la classe - les étudiants assis dans une unité de lieu » ne pourra qu\'affecter durablement les universités dans le monde. Notamment autour du vecteur de masse qu\'est la langue anglaise. Car pour le moment sa prépondérance est majeure même s\'il existe un cours en français sur Coursera (en partenariat avec une institution suisse).Or la place de notre langue française est capitale car elle véhicule autant une culture qu\'une certaine vision du monde. De plus, le retard pris par la France en matière de numérique dans l\'enseignement est alarmant. Des choix solides et des investissements conséquents sont donc nécessaires, bien qu\'ils restent difficiles à assumer avec nos budgets contraints et notre niveau de dette très élevé. Les MOOC sont cependant l\'expression d\'un défi d\'avenir que la France ne devrait pas laisser passer. Pour aller plus loin, suivez des cours d\'anglais en ligne
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