L'efficacité du système éducatif français sur la sellette

Peut mieux faire. » Telle est la réaction nuancée de Luc Chatel à la publication par l'OCDE mardi des résultats des tests Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) 2009, qui mesure les performances de 470.000 élèves de 15 ans de 65 pays membres ou partenaires. Depuis la première édition en 2000, la France a perdu plusieurs places dans les classements, passant de la 13e en 2000 à la 22e en compréhension de l'écrit ; de la 16e en 2003 à la 22e en mathématiques et de la 25e en 2006 à la 27e en sciences. Le recul est moins important si l'on ne prend en compte que les 34 pays de l'OCDE. Et il convient d'ailleurs de prendre ces chiffres avec prudence. Les dates de comparaison diffèrent (2000 pour la lecture, 2003 pour les maths et 2006 pour les sciences) et le nombre de pays participants aussi (41 en 2000). Si la France se fait rattraper, c'est aussi parce qu'apparaissent de nouvelles régions performantes. C'est le cas de Shanghai qui pointe au premier rang, aux dépens de la Finlande. L'entrée en scène de l'Inde en 2012 devrait encore changer la donne. Mais la France recule bien en valeur absolue car elle n'arrive, ni à augmenter la part de son élite (9,6 % en 2009 contre 8,5 % en 2000), ni à réduire l'échec scolaire. Au contraire : « Ce qui est significatif est la hausse de 15 % à 20 % des élèves en difficultés en lecture et en mathématiques, note Eric Charbonnier, analyste à l'OCDE. Le système français, déterministe, est performant pour une petite élite. Il y a une dégradation par le bas. » Ce constat indigne Laurent Bigorgne, le directeur de l'Institut Montaigne : « Les enfants d'enseignants ont 14 fois plus de chance aujourd'hui d'avoir le bac que les enfants d'ouvriers. Accepterait-on autant d'inégalités dans d'autres secteurs ? » DéficiencesSelon lui, pilotage, formation des enseignants et recherche en éducation sont déficients. Surtout, les dépenses en éducation ne sont pas assez déployées dans le primaire. « Nous avons un lycée parmi les plus riches du monde et le primaire parmi les plus pauvres de l'OCDE. L'enjeu est de savoir comment mieux allouer les moyens dans les zones difficiles et conférer aux acteurs la capacité à expérimenter. » Ce diagnostic est partagé par l'OCDE, selon qui les ZEP sont sous-dotées et dont l'étude n'établit pas de corrélation entre résultats et moyens puisque les performances restent stables entre 2000 et 2009 alors que les pays de l'OCDE ont augmenté leurs dépenses de 35 % en moyenne. En période de restrictions budgétaires, l'OCDE recommande aussi de mieux allouer les ressources, estimant qu'il est « plus efficace d'augmenter les enseignants que de réduire la taille des classes », tout en prévenant du danger de réformes purement économiques. En attendant meilleure fortune, le ministre de l'Education nationale a jugée ses réformes allant dans le bon sens et annoncé un « plan sciences » pour janvier.
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