Le bloc-notes de Stéphane Soumier

On a vécu la semaine sous le signe de la high-tech et, pourtant, j'ai l'impression que l'industrie n'avait jamais reçu de plus bel hommage. En lançant un téléphone portable à son nom, Google, le prince de l'immatériel, ne vient-il pas d'annoncer qu'il avait peur de construire sur du sable? Qu'il fallait s'attaquer à la matière pour continuer à croître? Démontrer qu'on peut la dominer? Ça n'empêche pas Google de travailler à concentrer notre vie numérique dans ces « nuages informatiques » dont il a le contrôle, d'en faire évidemment le c?ur d'un considérable gisement de business. Mais j'ai l'impression qu'ils ont senti qu'il leur manquait quelque chose. Ça dépasse, par exemple, la guerre avec Apple ou Microsoft, tout ce qu'on a pu raconter sur la bataille des « applications », éléments importants par ailleurs. Dans ce lancement, dans cette rupture, l'entreprise, qui est aujourd'hui la toute jeune dixième capitalisation boursière mondiale, nous dit qu'elle doit se faire palper, toucher, salir, qu'elle veut tomber sur les trottoirs, se perdre dans les canapés, attendre dans un fond de tiroir. Elle nous dit qu'elle doit s'incarner dans la matière pour gagner un peu d'éternité dans le c?ur des consommateurs. Un mot de la « taxe Google », quand même! Pour être complète, la semaine du numérique devait se terminer par une taxe, non? Un mot pour citer le marquis de Vauban, « la Dîme royale »,1707 (dans lequel le marquis jette les fondements de l'impôt universel) : « pour jouer pleinement son rôle, cette dîme sera claire et compréhensible par tous, facile à appliquer et stable. Mais les rois veilleront à ce qu'elle n'excède pas le nécessaire, en ce que tout ce qui sera tiré au-delà jettera les sujets dans le malaise, et appauvrira finalement le royaume tout entier.» Parole d'expert, non ? D'ailleurs je ne résiste pas au plaisir de vous raconter le malaise de Thierry Breton quand on lui demande si les hausses d'impôts sont inévitables pour payer la facture de la crise. Lui qui était très à l'aise, très franc, pour décrire les mécanismes d'endettement, se met à retrouver ses mécaniques d'ancien ministre, le mot « impôt » lui brûle les lèvres, il faudrait des lignes entières pour décrire les hésitations qui entourent cette simple phrase : « il est vraisemblable qu'à un moment donné, d'une manière ou d'une autre, il faudra augmenter les recettes. » Un jeune homme surdiplômé (double master en génie pétrolier et mécanique des fluides) mais sans une offre d'emploi après 800 (sic ! ) candidatures spontanées, est venu vendredi matin raconter son histoire au micro de BFM radio. Je vous passe les détails de son combat pour mener des études supérieures dans une cité où le trafic de drogue vous assure la fortune immédiate, ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est qu'une heure après son intervention, j'avais déjà reçu pour lui 5 offres d'emploi. C'est invraisemblable ! C'est inacceptable ! Où est le bug dans le marché de l'emploi ?
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