Charismatique, volubile, l'allure du grand brasseur d'affaires international éternellement pressé, Victor Muller est un vendeur né. Le nouveau propriétaire de la firme suédoise Saab balaye toutes les objections d'un revers de main : « Nous vendrons 80.000 voitures en 2011 et atteindrons le point mort. Nous en ferons 120.000 en 2013, retrouvant le record de 2007. Mais nous serons profitables dès l'an prochain. » La marque de Trollhättan, mise en liquidation fin 2009 par l'américain GM, a été reprise en février 2010 par Spyker, tout petit constructeur de voitures de sport néerlandais appartenant à... Victor Muller. Ledit Spyker, déficitaire, vient d'ailleurs d'être cédé à un investisseur russe. Victor Muller affirme se consacrer désormais au sauvetage de Saab, qui a presque constamment affiché des pertes durant les vingt années de l'ère GM.Moteurs à essence BMW« Nous allons présenter au salon de Paris 2012 une toute nouvelle 9-3 [berline moyenne supérieure] dont la production démarrera en octobre de la même année. La voiture utilisera des moteurs à essence BMW et offrira l'hybridation, la transmission aux quatre roues... » Il faut « faire revenir nos clients qui sont partis surtout chez... BMW ». À « l'horizon 2014, on planche sur une petite voiture, de 4 à 4,20 mètres de long. On cherche un partenariat », assure à « La Tribune » Victor Muller. À court terme, « les États-Unis resteront notre premier débouché, devant la Suède. Mais la Chine doit ensuite prendre la première place. C'est notre priorité dans nos discussions. En plus des 120.000 voitures produites à Trollhättan, on pourrait en fabriquer 50.000 en Chine. Il faut aussi produire en Inde ».En attendant, Saab, qui a eu son heure de gloire dans les années 1980 avec sa fameuse 900 Turbo, n'a écoulé que... 31.696 véhicules l'an dernier ! « GM avait commencé à démanteler l'entreprise. On n'avait plus de stocks, plus de voitures à vendre. On a perdu 425 millions d'euros de cash à cause de ça. Puis on a eu des problèmes avec les fournisseurs qui ne voulaient plus livrer, explique le dirigeant. Il a fallu reprendre la production, réembaucher. Les choses ne sont revenues à la normale qu'en septembre 2010. Aujourd'hui, nous produisons 225 voitures par jour à Trollhättan. Avec une équipe, on peut en faire 55.000 par an. Mais on va en créer une deuxième dans la seconde partie de l'année. » Après la catastrophe, la confiance, même précaire, est revenue dans la petite ville à l'ouest de la Suède. Alain-Gabriel Verdevoye
Cet homme d'affaires qui veut faire renaître Saab
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