Paul Taubman, le banquier "solo" qui a raflé la mise dans le "deal" Verizon-Vodafone

Paul Taubman ne regrette sans doute pas d'avoir claqué la porte de la grande banque d'investissement américaine Morgan Stanley après 27 ans de maison, pour se mettre à son compte, début 2013. L'homme est sur le point d'être directement bombardé à la 12ème place du prochain classement mondial des banques d'affaires, au côté des prestigieuses Goldman Sachs, JP Morgan et autre Bank of America, selon le Financial Times. Et ce, bien que Taubman n'ait travaillé cette année que sur une seule opération.Mais quelle opération ! Il s'agit du rachat, par le géant américain des télécommunications Verizon, des 45% détenus par le Britannique Vodafone dans leur co-entreprise de téléphonie mobile, Verizon Wireless. Annoncé lundi 2 septembre, ce "deal" de 130 milliards de dollars n'est autre que la deuxième plus importante opération de fusion-acquisition de tous les temps. Si bien qu'elle devrait rapporter aux six banques-conseil de Verizon et à celles de Vodafone pas moins de 500 millions de dollars de commissions, au total, selon le cabinet de consultants Freeman & Co. Taubman travaillait depuis près de dix ans sur cette transaction à plus de 100 milliards L'histoire ne dit pas combien Paul Taubman empochera mais il devrait recevoir une bonne part du gâteau car, à lui tout seul, il a été l'un des conseils-clé de Verizon dans cette opération. Pour la bonne raison qu'il travaillait en réalité depuis près de dix ans sur cette transaction à plus de 100 milliards. Verizon envisageait en effet depuis 2004 de racheter les 45% de Vodafone dans Verizon Wireless, et avait mandaté à l'époque Morgan Stanley pour la conseiller sur ce projet. Et, plus précisément, Paul Taubman, qui était alors le banquier vedette de Morgan Stanley pour le secteur des télécoms, après avoir notamment mené à bien la fusion entre Time Warner et AOL, en 2000.La transaction fera de Guggenheim la neuvième banque d'affaires mondialeToujours en 2004, outre Paul Taubman, Verizon s'était attaché les services d'Alan Schwartz, alors patron de Bear Stearns, et de deux de ses collaborateurs, Andrew Decker et James Ferency. Aujourd'hui en poste au sein de la banque d'affaires indépendante Guggenheim Partners, les trois hommes, à l'instar de Taubman, ont été rappelés cette année par Verizon pour travailler à nouveau sur le rachat des 45% de Verizon Wireless. Une transaction qui propulsera la new-yorkaise Guggenheim de la 42ème à la 9ème place du classement mondial des banques d'affaires, selon les estimations de l'agence Bloomberg. Les banques indépendantes ont le vent en poupe auprès des entreprises Certes, dans le cadre de cette opération, Verizon s'est également entourée de très grandes banques-conseil, à savoir JP Morgan, Bank of America, Morgan Stanley et Barclays. Mais le recours à une "boutique" - Guggenheim Partners - et à un banquier indépendant, en la personne de Paul Taubman, pour travailler sur un projet de cet ampleur témoigne d'une tendance de fond : depuis la crise financière de 2008, nombre d'entreprises préfèrent les banques d'affaires indépendantes, spécialisées uniquement dans le conseil en fusions et acquisitions, contrairement aux mastodontes du secteur qui proposent également de financer les opérations, avec, à la clé, de possibles conflits d'intérêt.Banquier d'affaires, un métier plus "humain" qu'il n'y paraît Ce que le dossier Verizon-Vodafone montre aussi, c'est que l'univers des fusions et acquisitions est beaucoup plus « humain » qu'il n'y paraît. Travailler avec une banque de renommée internationale, cela fait très chic, mais rien ne remplace le carnet d'adresses et l'expertise d'un Paul Taubman qui a derrière lui une trentaine d'années de fusions-acquisitions dans les télécoms. Et encore moins la relation de confiance tissée avec lui depuis dix ans par Verizon, surtout dans un domaine où la confidentialité est le maître-mot.De la même façon, et bien qu'il ait quitté la prestigieuse Citigroup pour travailler en "free-lance", c'est à Michael Klein, leur banquier de longue date, que les géants des matières premières Glencore et Xstrata avaient fait appel en 2012, pour les épauler dans leur projet de fusion à 41 milliards de dollars. 
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