Les catastrophes naturelles préoccupent davantage les réassureurs que la grippe A

éassuranceAlors que la grippe A ne quitte pas les écrans de télévision en France, elle ne suscite qu'un intérêt médiocre du côté des assureurs et réassureurs réunis ces jours-ci à Monte-Carlo pour les Rendez-vous de septembre (RVS). Pour Jean-Philippe Thierry, président du comité d'organisation de ces rendez-vous, également président de la compagnie française AGF, « l'impact direct [de la grippe A] sera probablement moins important que les conséquences indirectes potentielles », comme le ralentissement de l'activité des entreprises. La pandémie pourrait selon lui coûter « plusieurs centaines de millions d'euros » aux assureurs en complémentaires santé mais comme ils ne sont pas ou peu réassurés, les répercussions pour les réassureurs seront faibles. Les garanties responsabilité civile, les garanties annulation d'événements ou de voyages pourraient être davantage mises en ?uvre. Leur poids sur le marché reste cependant limité. Seule la compagnie Scor, gros réassureur de portefeuilles d'assurance décès, a estimé qu'une pandémie, de type grippe A, représentait un risque de pointe. Il a donc souscrit des couvertures (swaps) qui joueront si la mortalité dépasse le seuil normal de 5 % à 10 % ou de 15 % à 25 %. « Nous montrons ainsi la qualité de notre gestion des risques au marché et aux agences de notation », explique Patrick Thourot, conseiller du président de Scor.À défaut d'un débat sur la pandémie, les sujets discutés à Monte-Carlo sont donc traditionnels, à commencer par les catastrophes naturelles. Sur ce front, l'année 2009 n'a pas démarré très favorablement. La tempête Klaus du début d'année en France et en Espagne a provoqué 2 milliards de dommages assurés, et le tremblement de terre de L'Aquila en Italie, 200 millions d'euros. « Ces événements sont importants mais, en termes de montant à indemniser, ils ne sont pas majeurs pour les réassureurs », estime Jean-Philippe Thierry. Reste que, après une hausse des tarifs réels de réassurance des événements naturels de 5,8 % en 2009, les assureurs s'inquiètent pour 2010.aggravation des risquesIls ont certes la possibilité de ne pas céder aux réassureurs la totalité de leurs risques. Cette « rétention des cédantes françaises représente en moyenne 8 % de l'encaissement dommages aux biens », indique Jean-Philippe Thierry. Le marché français bénéficie aussi du régime des catastrophes naturelles géré par le réassureur public CCR, qui combine un mécanisme d'assurance de marché et la garantie de l'État. « La provision d'égalisation a été reconstituée en catastrophes naturelles. Elle atteignait 1,7 milliard fin 2008. Ce montant nous rend sereins pour les années à venir. Mais il ne permettrait cependant pas de faire face à une année de sinistralité extrême », précise Pierre Michel, directeur à la CCR chargé des catastrophes naturelles en France. La réforme de ce régime, envisagée l'an dernier, est toujours en suspens. L'enjeu est important car, selon une étude récente, la charge des événements naturels durant les vingt prochaines années pour les assureurs va doubler pour passer à plus de 60 milliards d'euros en raison notamment des changements climatiques. Séverine Sollie
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