Citroën C6 : la dernière limousine française est morte, dommage !

Après l\'arrêt de la Renault Vel Satis fin 2009, puis de la Peugeot 607, la dernière limousine française de haut de gamme s\'efface du catalogue... dans l\'indifférence générale. La Citroën C6 est morte et il faudra attendre 2015 ou 2016 pour une lointaine descendante, prévue pour être produite en Chine sous le label DS. Triste décadence de l\'industrie tricolore. Certes, la C6 aura été un vrai « flop », avec 1.400 unités produites seulement l\'an dernier... et 23.400 à peine au cumul depuis 2005, alors que Citroën tablait au départ sur 20.000 par an ! Et encore la plupart des clients étaient-ils des ministères, ambassades ou entreprises nationales, obligés de rouler dans un modèle français. Un échec dû à un prix élevé, des détails de finition négligés, à l\'absence d\'image des constructeurs tricolores dans le segment et... au matraquage fiscal des pouvoirs publics français. Et, pourtant, quelle formidable voiture !Moteur V6 d\'origine FordUne fois n\'est pas coutume, voici donc l\'essai nostalgie d\'une des dernières C6 produites à Rennes. Une voiture avec des défauts, mais d\'un confort sur route et d\'une sécurité exceptionnels. Cette « TGR » (Très grande routière) reste en effet un merveilleux « tapis roulant », auquel la motorisation diesel V6 HDi de 240 chevaux apporte un bel agrément. Issue des accords entre Ford et PSA, cette mécanique étudiée sous la houlette de l\'américain n\'a pas à rougir face à la concurrence question agrément. Elle équipe d\'ailleurs les Jaguar et Land Rover, anciennes marques de Ford, c\'est dire. Certes, les presque deux tonnes de la C6 l\'empêchent de fournir des performances époustouflantes. Mais, onctueuse, pleine de ressources, mélodieuse (ça change du bruit de machine à laver des trois cylindres !), la mécanique distille des accélérations et reprises très suffisantes. Combinée à une transmission automatique douce et intelligente, qui rétrograde d\'elle-même sur un coup de frein à l\'abord d\'un virage (en position « S » pour Sport), elle se révèle vraiment agréable. Cette boîte propose aussi une position « hiver » utile pour démarrer sur terrain enneigé. Consommations assez élevéesPlaisir feutré, mais consommations assez élevées. Le bilan énergétique est en effet moins bon que celui d\'une BMW. Il faut compter plus de dix litres aux cent sur un parcours mixte route-autoroute-ville. Rien de rédhibitoire, vu l\'agrément et le poids. Mais, BMW fait mieux sur ce point. Forcément, la firme munichoise a fortement travaillé sur ses moteurs, alors que PSA a négligé son V6, qu\'il n\'a quasiment pas amélioré durant tout ce temps.Sécurité tous tempsLa suspension hydropneumatique - une spécialité Citroën depuis la Traction 15H de 1954, popularisée par la DS l\'année suivante - génère un comportement routier souverain. Sécurisante quels que soient l\'état de la route ou les conditions climatiques, la C6 reste l\'une des meilleures. Le train avant est soudé au bitume, sans jamais dévier. Sur très mauvaise route, il ne rebondit pas d\'un cahot à l\'autre, contrairement à certaines BMW ou Mercedes... Il n\'hésite pas et se place d\'emblée là où il faut. Fantastique. Quelle sérénité ! Evidemment, ce n\'est pas un exemple d\'agilité, mais cette grande voiture se tient très, très bien dans les virages serrés, même s\'il faut tenir compte du gabarit de la voiture sur des routes étroites. Freinage et précision de la direction sont à la hauteur. En revanche, nous avons pesté... contre l\'exécrable rayon de braquage. La C6 braque mal en manœuvres, ce qui rend aléatoire l\'accès à certains parkings souterrains. Comme le porte-à-faux avant est très long et encombrant et qu\'on en discerne mal les contours du volant, se faufiler dans une place de parking est assez anxiogène.Suspensions prévenantes mais sonoresQuant au confort, c\'est simple : il est royal... sur route ou autoroute. Un peu moins en ville. On y déplore en effet des percussions sèches sur les petites inégalités de la chaussée abordées à faible vitesse (pavés disjoints, trous), à cause notamment de ces stupides grandes roues avec pneus à flancs bas « 45R18 ». On regrette aussi que les suspensions se montrent sonores, marquant leur travail d\'un « clong » peu plaisant, qui dégrade subjectivement l\'impression de confort. C\'est malheureusement une vieille spécialité Citroën. Mais, malgré ces sources d\'agacement, le confort demeure exceptionnel.Intérieur accueillantLa présentation a vieilli, incontestablement. Si certaines pièces comme les boiseries ou les sièges en cuir moelleux sont de très belle facture, d\'autres plastiques se révèlent moins enthousiasmants. Les commandes autour du volant empruntées aux autres modèles de la gamme détonnent, le pire étant la télécommande pour accéder au véhicule et la clé, qui font carrément bas de gamme. Des économies inadmissibles. Mais, en dépit de ces détails, cela respire le luxe discret et accueillant. Avec, en prime, une habitabilité fort généreuse... mais un coffre petit. Evidemment, il ya beaucoup de (petits) boutons sur la planche de bord, que l\'on cherche souvent à tâtons. Mais, in fine, nous préférons ces boutons spécifiques à une seule molette centrale d\'ordinateur qui oblige à rentrer dans des menus et sous-menus pour changer la moindre station de radio. La touche « S » de la transmission automatique, archi-minuscule et introuvable sans quitter la route des yeux, reste toutefois ergonomiquement inacceptable.Super position de conduiteLa position de conduite avec des réglages électriques multiples, notamment du volant, est agréable, très reposante. Et l\'accoudoir central vient juste où il faut pour qu\'on appuie son bras. PSA a aussi prévu la possibilité de... couper tous les bips-bips. Applaudissons ! On retrouve le petit rectangle un peu daté qui sert d\'instrumentation avec un minimum d\'indications et la vitesse qui s\'affiche en gros chiffres devant les yeux - ça c\'est bien. On ne déteste pas ce combiné rappelant la DS de 1955, sauf quant le soleil vient de l\'arrière et que cela devient quasi-illisible. Evidemment, une auto aussi ancienne, qui n\'a jamais été restylée, manque des équipements les plus modernes comme l\'accès et le démarrage mains libres ou la caméra de recul... Pour le reste, elle comporte tout ce qu\'on peut désirer. Dans les faux pas, citons quand même les portières originales sans encadrement qui arborent des formes saillantes, lesquelles, à l\'ouverture, risquent de... blesser celui qui n\'y fait pas attention. Les portières en question manquent également de retenue. Si on les ouvre trop fort, elles vous retombent brusquement dessus.Lignes très fluidesBravo en tous cas pour ces lignes personnelles, lisses, fluides, très Citroën. Rien à voir avec les boursouflures laborieuses et clinquantes des DS5 Cette C6 extrêmement originale ne ressemble à aucune autre voiture, à part la Cx de 1974, qui a servi de référence. Saluons aussi les grandes surfaces vitrées. On préfère ça à la mode actuelle, totalement stupide et dangereuse, des vitres bunker qui laissent d\'inquiétants angles morts...En revanche, critiquons l\'absence totale de protections de cette belle carrosserie, très exposée.Prix très excessifLe prix fait plus que tiquer. La C6 a toujours été excessivement chère, rançon d\'une voiture sophistiquée, chère à fabriquer. Et « notre » C6 V6 HDi Exclusive d\'essai réclamait 57.450 euros. Délirant. Plus les 3.000 de super-taxation gouvernementale pseudo « écolo-citoyenne » appelée « malus ». Bref, on se demande si Citroën voulait vraiment la vendre. On peut encore trouver des C6, même si la production est arrêtée. A des tarifs bien plus bas chez les concessionnaires que les prix catalogue, heureusement ! Une C6 est aussi achetable d\'occasion. Une bonne affaire, vu la forte décote. La C6 constitue alors un choix pertinent pour qui veut une grande routière cossue, sûre, confortable et « made in France ». Nous avons d\'ailleurs eu du mal à rendre cette C6 à Citroën après quelques jours au volant, tant nous avons été séduits par ce salon roulant si attachant. Ah, quelle formidable auto !Alain-Gabriel VerdevoyePrix du modèle d\'essai : Citroën C6 V6 HDi 240 Exclusive : 57.450 euros (+ 3.000 de malus)Puissance du moteur : 240 chevaux (diesel)Dimensions : 4,90 mètres (long) x 1,86 (large) x 1,46 (haut)Qualités : Comportement routier ultra-sécurisant, confort royal, agrément mécanique de haut niveau, intérieur luxueux et douillet, habitabilitéDéfauts : prix excessif, voiture encombrante, rayon de braquage démesuré, suspensions bruyantes, détails d\'ergonomieConcurrents : Audi A6 3,0 TDi 245 Quattro Ambition Luxe : 58.390 euros ; Jaguar XF 3,0 V6 D Luxe Premium : 59.900 euros ; BMW 530dA Luxe : 62.250 eurosNote : 15 sur 20
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.