Carrere : l'AMF veut saisir la justice

L'Autorité des marchés financiers (AMF), un an et demi après avoir lancé son enquête sur Carrere, a fini son rapport. Et le rapporteur, soupçonnant des infractions relevant du pénal, a proposé de transmettre le dossier à la justice. Précisément, le rapport relève une demi-douzaine d'irrégularités dans les comptes du second producteur de fictions TV. En particulier, il accuse le fondateur et principal actionnaire Claude Carrere d'avoir vendu mi-2007 des actions pour 1,8 million d'euros, sans déclarer cette cession à l'AMF, et alors qu'il pouvait être considéré comme initié. En outre, le rapport estime inappropriée la comptabilisation de dettes, ou la description de la gouvernance dans le rapport annuel.Deux contrats douteuxSurtout, il dénonce deux contrats douteux de cession de droits : le premier (d'un montant de 4 millions d'euros) avec Michel Lafon Publishing, le second (1 million d'euros) avec LCJ Editions. Le premier contrat avait déjà été pointé par les commissaires aux comptes, qui avaient saisi la justice (« la Tribune » du 20 janvier 2009). Dans le second contrat, Carrère avait cédé les droits de séries télévisées comme « Les Cordier » ou « PJ », mais n'aurait en réalité pas détenu ces droits, selon le témoignage de LCJ recueillis par l'AMF. La société, après avoir initialement comptabilisé ces deux contrats dans son chiffre d'affaires 2007, reviendra dessus, et republiera deux mois et demi après un chiffre d'affaires corrigé ne tenant plus compte de ces 5 millions. Last but not least, le rapport de l'AMF juge inappropriée la valorisation du catalogue de droits audiovisuels. Là encore, la société avait fait machine arrière début 2008 en dépréciant massivement la valeur de ce catalogue (? 115 millions), officiellement en raison de la dégradation du marché, et « de différences entre les prévisions de recettes futures et leurs réalisations ». Mais le rapport estime ce remord trop tardif : selon lui, le catalogue aurait été surévalué durant les années précédentes, en raison d'hypothèses trop optimistes. Cette accusation avait déjà été lancée par le cabinet Deminor, qui a saisi la justice à ce sujet en janvier 2010. Interrogés, ni la société, ni les avocats de Claude Carrere n'ont répondu.
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