La restructuration de Dexia ne convainc pas

Le décrochage brutal de Dexia, ces derniers jours, doit être replacé dans son contexte global. Le titre ne s porte pas très bien depuis le début de l'année. Il a perdu 12,71 % depuis janvier. La semaine du 1 au 5 février, l'action avait glissé de 11,25 %, du fait de l'incertitude sur de l'accord entre la Commission européenne et la banque à propos de son plan de restructuration. Un accord sous conditions tombé finalement le 5 février. Les difficultés judiciaires d'une de ses filiales, Dexia Crediop, ont également pesé sur le titre. Les plumes perdues en cette fin de semaine ne reflètent finalement que de nouvelles craintes pour le groupe. Une phase de transitionLe 8 février, lors d'une conférence avec les analystes, la direction a indiqué que les bénéfices du groupe traverseraient une période difficile cette année. Comme l'indique dans une note Jean-Pierre Lambert, analyste chez Keefe, Bruyette & Woods, ceci reflète la transition de la banque vers « un modèle économique avec un financement sur le plus long terme et un désendettement ». Plusieurs analystes ont toutefois retenu le côté positif du plan de restructuration proposé à la Commission européenne. Chez Oddo Securities et Degroof, les recommandations sur le titre ont été relevées à « accumuler » et « acheter » le jour même. Et le marché s'est laissé emporter dans cet élan. Dexia gagnant 4,67 % à la clôture, lundi. Sous surveillance négativeDepuis, les mauvaises nouvelles se sont multipliées pour la banque. Mercredi 10 février, Jean-Pierre Lambert, toujours lui, abaisse sa recommandation à « sous-performer » sur le titre, et son objectif de cours à 4,4 euros, contre 5,5 auparavant. Le même jour, l'agence de notation Standard and Poor's place la perspective de la dette à long terme de Dexia sous surveillance négative. Elle cite « une période délicate de désendettement sur les deux prochaines années sans pouvoir recourir à la garantie de l'État pour émettre de la dette ». Un signal assez négatif est donc envoyé aux marchés. Le titre a replongé de 3,26 % jeudi, les inquiétudes sur le nouveau modèle économique de la banque reprenant le dessus. Exposition à la dette grecqueVendredi, au lendemain du sommet informel des vingt-sept pays de l'Union européenne sur l'aide à la Grèce, les marchés se montrent très sceptiques. L'exposition de Dexia à la dette grecque revient sur le devant de la scène. Le titre glisse sous les 4 euros. Un analyste, sous le couvert de l'anonymat, souligne que sur les 16,8 milliards d'euros d'obligations d'État détenus par la banque, 40 % proviennent des pays à problème de la zone euro, à savoir la Grèce, le Portugal et l'Espagne. Plusieurs analystes soulignent également les inquiétudes du marché quant à la cession d'actifs de Dexia, telle qu'exigée par son plan de restructuration présenté à la Commission. Morgan Stanley abaisse ainsi son objectif de cours de 4,7 à 4,5 euros sur l'action, en citant « les pertes encourues pour la cession de Sabadell, Slovensko et Crediop », mais aussi « un coût de refinancement plus élevé en raison d'un marché du crédit plus tendu ». La décision de la direction de garder des liquidités pour accélérer son plan de restructuration est également mal perçue, car mauvaise pour les actionnaires. La Commission s'intéresse à EthiasUn analyste, préférant rester anonyme, cite aussi parmi les inquiétudes du marché le cas d'Ethias, actionnaire de Dexia à hauteur de 5,04 % du capital. « La Commission européenne traite aussi le dossier Ethias. Elle pourrait imposer de devoir vendre certaines participations de l'assureur. Or, celui-ci est surexposé dans Dexia », note-t-il.« La visibilité sur Dexia n'est pas bonne, les investisseurs préfèrent ne pas jouer avec le titre », observe un analyste. Le groupe doit présenter ses résultats 2009 le 25 février. Ceux-ci sont déjà attendus avec une certaine appréhension.J. N., à Bruxelles, (« L'Écho »)FOCUS : ETHIAS DEVRA T-IL CEDER SA PARTICIPATION DANS DEXIA ? La chute du cours de Dexia n'est de bon augure ni pour les petits porteurs, ni pour ses gros actionnaires, à l'image d'Ethias, propriétaire de 5,04%?du capital. La participation de l'assureur belge se trouve au coeur de spéculations, à l'heure où son plan de réorganisation est passé au crible par les services de la concurrence de la Commission européenne. Plusieurs scénarios sont envisageables pour l'assureur : Cession partielle ou totaleEthias qui a été renfloué à hauteur de 1,5 milliard d'euros via des fonds publics (Etat fédéral, et régions) pourrait devoir se défaire de ses actions Dexia ou bien réduire fortement son exposition. Pour la Commission en effet, la participation dans Dexia pèse trop lourd dans le portefeuille d'Ethias. De manière plus générale, la Commission juge l'exposition de Dexia aux actions trop importante. Les actions représentent 9% de ses actifs contre 6% en moyenne pour le secteur. Moins values et recapitalisation Ethias pourrait choisir d'isoler ses parts dans une société ad hoc, et y faire éventuellement entrer un autre actionnaire. Une autre option pourrait consister à ajuster le prix de la participation d'Ethias dans Dexia à son cours actuel, avec à la clé la matérialisation d'une moins-value pour Ethias.Les 5,04% de l'assureur dans Dexia sont valorisés à 9,90 euros par action dans les livres d'Ethias, soit le prix payé par l'assureur lors de l'augmentation de capital lancée pour sauver Dexia à l'automne 2008. Si Ethias devait vendre sa participation au cours actuel, il perdrait 500 millions d'euros. Sa recapitalisation pourrait alors être envisagée.K.T. et C.Sf, à Bruxelles (L'Echo)
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