Les entreprises américaines mettent le cap sur la reprise

Kathryn Mikells est désormais optimiste. «Nous observons clairement des signes de reprise économiques ainsi que le retour des passagers des classes premium et de la clientèle d'entreprise», se félicite la directrice financière de United Airlines. A l'instar de cette responsable, un nombre croissant de chefs d'entreprises américaines estime qu'après avoir enduré la plus sévère récession depuis les années 1930, le redressement de la première économie mondiale est patent. Et ces patrons, ayant éliminé des millions d'emplois, cédé des actifs non stratégiques, réduit leur dividende et allégé leurs inventaires, sont prêts pour la croissance : selon un sondage Duke University/CFO Magazine, en 2010, les directeurs financiers anticipent une hausse de 9% de leurs investissements - le plus haut niveau en sept ans ? et un bond de 14% des bénéfices.Trésorerie record Malgré la contraction du crédit dont elles se plaignent, ces entreprises sont dans une situation financière bien meilleure que voilà un an. Selon JPMorgan Chase, les sociétés composant l'indice S&P 500 disposent d'une trésorerie de 3.200 milliards de dollars, ou de 1.100 milliards en excluant le secteur financier, ce qui équivaut à 11% de leurs actifs, un niveau inégalé en soixante ans. Grâce à leur restructuration, une majorité d'entre elles ont annoncé des résultats supérieurs aux attentes des analystes pour le dernier trimestre 2009 où la croissance économique s'est élevée à 5,7% aux Etats-Unis. La faiblesse persistante du dollar malgré son appréciation récente et la vitalité des grands pays émergents a aussi soutenu leur activité.La reprise des fusions Les analystes de Wall Street estiment que les opérations de rachat d'actions ? inscrites à plus de 68,5 milliards de dollars depuis le début de l'année ? constituent le prélude à davantage d'opérations de fusion/acquisition et à un retour conséquent des investissements. Coca-Cola vient de donner l'exemple en reprenant les opérations nord-américaines de son embouteilleur pour 13 milliards de dollars, tandis que le groupe de services pétrolier Schlumberger a annoncé la reprise de Smith International pour 11,34 milliards. Les ventes au détail bondissentVendredi, le département du Commerce a surpris les marchés en annonçant une hausse surprise de 0,3% des ventes au détail en févrie, malgré des conditions climatiques défavorables et la baisse de 2% constatée dans le secteur automobile. « Les consommateurs commencent à sortir de leur coquille », s'enthousiasme Nigel Gault, le chef économiste du cabinet IHS Global Insight. En février déjà, les ventes des grands magasins avaient bondi de 4,1%, ? le sixième mois de hausse consécutif - les performance de Macy's, Abercrombie & Fitch et du Gap ayant déjoué les pronostics. « Le mois a fini de manière plus robuste que nous ne l'avions anticipé », avoue Sherry Lang, responsable de la communication auprès des investisseurs de TJX, un distributeur spécialisé dans la vente à prix bradé de vêtements et d'ameublement. De son côté, le numéro un Wal-Mart estime avoir trop réduit ses inventaires et recommence à étoffer ses rayons. Les grossistes optimistesDans un contexte où le patrimoine des ménages a augmenté de 700 milliards de dollars, du fait d'une décélération de la chute des prix dans l'immobilier résidentiel, mais surtout du rallye de Wall Street, les grossistes voient leurs ventes repartir. En janvier, elles se sont appréciées de 1,3%, la 10ème hausse mensuelle d'affilée, pour atteindre leur plus haut niveau depuis octobre 2008. Reste les incertitudes pesant sur l'emploi. Un sondage Robert Half International révèle que 10% seulement des patrons américains comptent augmenter leurs effectifs au deuxième trimestre, contre 82% qui ne prévoient pas d'embaucher.Frémissements sur l'emploiToutefois, «de nombreuses entreprises, surtout celles qui considèrent qu'elles ont licencié de manière trop agressive au pire de la récession, vont peut-être devoir étoffer leurs équipes dès le premiers signes de reprise dans leur activité », prévient Max Messmer, le directeur général de Robert Half. Le mois dernier, les PME ont déjà augmenté 1,9% leurs embauches et 61% s'affirment optimistes, selon une enquête de SurePayroll. De grandes entreprises reprennent aussi le chemin de l'embauche. C'est le cas de l'équipementier télécoms Cisco, qui après avoir créé 2.100 postes, envisage d'en ajouter 3.000 supplémentaires au cours des prochains trimestres. Pour sa part, le conglomérat General Electric, qui s'est séparé de 23.000 personnes en 2009, entend maintenir ou créer 13.000 postes pour développer son activité industrielle. Avec le fabricant d'engins de chantiers Caterpillar, qui envisage d'ouvrir une usine aux Etats-Unis, GE participe au phénomène de « relocalisation » afin de profiter de la reprise dans leur pays. Morgan Stanley estime que 300.000 emplois seront créés en mars aux Etats-Unis.
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