Monétisation de l'Internet mobile : des "numéros verts" payés par Google & Co ?

Et si les Google-YouTube, Netflix, etc, payaient pour votre connexion à l'Internet mobile ? A l'heure où les opérateurs télécoms français réfléchissent encore à la manière de faire contribuer les fournisseurs de services consommant beaucoup de bande passante aux investissements dans leurs réseaux, d'autres pistes surgissent. Aux Etats-Unis notamment, le débat s'anime sur ce que les Américains appellent le « toll-free data », par analogie avec les « numéros verts », ces numéros de téléphone gratuits pour celui qui le compose. En version XXIe siècle. Le directeur financier de Verizon, Francis Shammo, a ainsi expliqué devant des investisseurs à la conférence sur les technologies organisée par Barclays à New York fin mai, que « certains fournisseurs de contenus commencent à dire qu'ils paieront pour [qu'on diffuse] leur contenu : ils disent ne facturez pas au consommateur le visionnage de mon contenu ». Aux yeux de Fran Shammo, « ce n'est rien moins qu'un numéro en 0.800, où l'entreprise paie pour l'appel, et non pas le consommateur. » Quid de la Net neutralité ? Sans nommer les entreprises, on comprend qu'il s'agit vraisemblablement de fournisseurs de contenus vidéo, en diffusion continue (streaming), qui consomment beaucoup de gigaoctets de données. « Vous allez voir l'écosystème évoluer. Vous allez voir des fournisseurs de contenus dire je suis prêt à payer pour mon contenu », prédit le dirigeant de Verizon qui fait valoir que le parc d'abonnés mobiles de l'opérateur américain représente une audience de « 100 millions de paires d'yeux, cela a de la valeur » aux yeux de ces acteurs. Et Verizon a construit « [son] réseau 4G et [son] système de facturation pour pouvoir séparer ce trafic si certains veulent payer pour cela. » De quoi faire s'étrangler les tenants de la neutralité du Net, qui défendent la non-discrimination des services. « Il ne faut pas confondre. La Net neutralité consiste à donner des priorités sur la distribution du contenu. Nous ne parlons pas de cela : les contenus seront distribués de manière équitable sur tout le réseau. C'est juste une question de qui paie la distribution», explique Fran Shammo (retrouvez la retranscription). Libre à Google-YouTube ou Dailymotion par exemple de payer pour être sûrs que les consommateurs regardent leurs vidéos sans être bloqués par leur plafond de « data », d'Internet mobile compris dans leur forfait. Pas de voie express ou de coupe-file mais plutôt un bidon d'essence gratuit, pour prendre une analogie autoroutière.La chaîne de sport ESPN prête à subventionner, comme Amazon Une semaine plus tôt, le patron de son concurrent AT&T, Randall Stephenson, avait également évoqué l'émergence de nouveaux modèles économiques dans lesquels les développeurs d'applications ou fournisseurs de contenus « paieraient les suppléments pour le consommateur, soit directement, soit par la publicité. » Le patron de la branche mobile d'AT&T, Ralph de la Vega, avait expliqué l'été dernier qu'il existait déjà des accords de ce type. Avec Amazon par exemple : les propriétaires de Kindle téléchargeant un livre ne payent pas la quantité de données consommées pour le faire, le géant de l'e-commerce prenant à sa charge la connectivité 3G que lui facture AT&T, dans le cadre d'un contrat de gros. Le mois dernier, le « Wall Street Journal » a révélé que la chaîne de sport ESPN était en négociation avec un opérateur mobile de premier plan en vue de subventionner l'accès du consommateur à ses contenus sur un appareil mobile. L'idée fait, visiblement, son chemin.  
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