La séquestration du CO2 : solution incontournable mais complexe

C'est censé être la solution magique. Pour lutter contre le changement climatique, plutôt que de réduire les émissions de gaz à effet de serre, on peut les séquestrer : capter le CO2 à la sortie des usines pour l'enfouir et le conserver à un kilomètre sous terre. Les défenseurs de cette technologie estiment qu'elle peut contribuer à 20 % de la réduction des émissions de CO2 d'ici à 2050. « Il n'y a pas de solution au réchauffement climatique sans séquestration de carbone », estime Jeff Chapman, qui dirige l'association britannique Carbon Capture and Storage.Malgré ses promesses, la technologie tarde à se mettre en place. En 2008, le G8 avait demandé à ce qu'une vingtaine de projets de démonstration soient opérationnels d'ici à 2010. Aujourd'hui, les premiers sont tout juste en cours de construction.C'est pour tenter d'accélérer ce processus que débute aujourd'hui à Londres une réunion internationale organisée par le Carbon Sequestration Leadership Forum (CSLF), un rassemblement de 22 pays, dont l'Union européenne, la Chine et les États-Unis. La présence de nombreux ministres de l'Environnement et de dirigeants de grands groupes (Shell, Rio Tinto Energy, E.ON, etc.) souligne les espoirs que soulève la séquestration de carbone.La technologie existe déjà. Dans l'exploration pétrolière et gazière, quatre entreprises au monde l'utilisent, mais pas pour des raisons environnementales. Au Canada, EnCana et Apache Corporation reçoivent le CO2 produit à 320 kilomètres de là par une usine de traitement du charbon et l'injectent dans leurs champs pétroliers afin de récupérer le pétrole souterrain en le déplaçant grâce à la pression.projets pilotes Le problème, c'est le coût prohibitif de cette technologie. La séquestration de carbone nécessite beaucoup d'énergie. Les centrales électriques qui s'en équiperaient seraient donc nettement moins performantes, perdant jusqu'au quart de leur rendement. À quoi s'ajoute le coût de l'équipement.Selon une étude du cabinet McKinsey, la technologie ne deviendrait rentable que pour un prix de la tonne de CO2 compris entre 60 et 90 euros. Or, la semaine dernière, celle-ci s'échangeait autour de 13 euros?Pourtant, une prise de conscience gouvernementale commence à faire bouger les choses. À travers le monde, les financements pour des projets pilotes deviennent accessibles. Les plans de relance américain et européen de début 2009 y consacrent respectivement 2,3 milliards et 1,3 milliard d'euros ; au Canada, 2,3 milliards d'euros ont été débloqués pour un projet à grande échelle?Même les groupes environnementalistes sont positifs. « Il est irréaliste d'imaginer que nous passions immédiatement à 100 % d'énergie renouvelable, et la séquestration de carbone est une technologie indispensable pendant la transition », estime Robin Webster, de Friends of the Earth. Mais elle avertit : « Personne ne connaît le coût économique de cette technologie et on ne sait pas encore si ça fonctionnera. » n
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