Le refroidissement de secours des centrales en débat

La catastrophe nucléaire de Fukushima a partout relancé le débat sur le niveau de sûreté des centrales. En France, où l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient d'autoriser, fin 2010, pour la première fois EDF à exploiter dix années supplémentaires un des réacteurs de Tricastin, âgé de trente ans, les écologistes réclament la fermeture des centrales les plus anciennes : Fessenheim, en Alsace, située en zone sismique, mais aussi Gravelines (Nord), Dampierre (Loiret) ou Bugey (Ain), Autrement dit, la plupart des réacteurs de 900 mégawatts mis en service entre 1977 et 1980. Une demande qui fait écho à la décision prise mardi par la chancelière Angela Merkel de fermer, pour trois mois au moins, les sept réacteurs allemands entrés en fonctionnement avant la fin 1980.Les écologistes mettent en avant les anomalies déclarées par EDF à l'ASN concernant les groupes électrogènes de secours à moteur diesel installés sur les centrales anciennes. L'anomalie en question est une usure plus rapide que prévu des composants mécaniques (les coussinets) qui servent à limiter les frictions entre les pièces mobiles de ces moteurs. Un défaut qu'EDF s'emploie à corriger en changeant ces coussinets. Mais les Verts dénoncent un « rafistolage à grands frais » et réclament la fermeture définitive de ces centrales.L'accident japonais met en évidence l'importance de ces moteurs diesels de secours. La centrale de Fukushima, en effet, a résisté au très violent séisme, qui a affecté la région. Les trois réacteurs alors en service se sont mis à l'arrêt automatiquement. Mais, après le passage du tsunami et la mise hors service du réseau électrique, les diesels de secours - qui servent à alimenter les réacteurs en eau et à faire ainsi baisser la température et la pression à l'intérieur - se sont avérés inutilisables. Noyés ? En tout cas, cela a obligé les exploitants de la centrale à injecter de l'eau de mer dans la cuve et les enceintes de confinement, mais aussi à relâcher de la vapeur dans l'atmosphère.Le bon fonctionnement des équipements électriques de secours apparaît donc crucial, pour les vieilles centrales comme pour les nouvelles. Et les exploitants nucléaires du monde entier n'échapperont pas à un audit sur le sujet, même dans les zones non sismiques. En France, la ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a assuré mardi à l'Assemblée nationale que « la sûreté de toutes les centrales » serait vérifiée. La Commission européenne propose, elle, de faire passer des « tests de résistance » aux 153 réacteurs nucléaires de l'UE (dont les 58 français), pour notamment s'assurer que les systèmes d'alimentation électrique de secours sont opérationnels en cas de coupure prolongée de courant. M.-C. L.
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