L'irrésistible ascension de Matthieu Pigasse, star de la finance et des médias

Séduisant et agaçant à la fois. Sympathique et désagréable. Franc et langue de bois. Matthieu Pigasse a toutes les qualités et tous les défauts et cultive admirablement ses paradoxes pour se muer en caméléon. La « petite star » de la banque d'affaires parisienne vient d'être nommé seul directeur général de Lazard en France. Une décision qui a été retardée par six mois de conflits ouverts avec son rival en interne, Erik Maris. Il peut désormais savourer, Matthieu Pigasse est l'homme fort de Lazard à Paris. Il l'était déjà, il est aujourd'hui adoubé. A quarante et un ans, il est au sommet de sa carrière même si lui, n'en voit jamais les cîmes. Ambitieux sans limites, il voit toujours plus loin, toujours plus haut. Jusqu'à la rupture ? De Bercy à LazardIl poursuit en tout cas une ascension fulgurante qu'il a commencée au Trésor, à 26 ans. En 1998, à tout juste trente ans, il est repéré pour entrer au cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy jusqu'à devenir « dir cab adjoint » de Laurent Fabius. Le 21 avril 2002 passe par là, balaye la gauche et Matthieu Pigasse avec lui. Il met la politique entre parenthèses et va « pantoufler » dans le privé. Pas n'importe où. Dans la plus célèbre et plus chic banque d'affaires : Lazard. Propulsé directement associé, il va, en seulement trois ans, sauvée la banque. Destinée à être introduite en Bourse, il convainc les Caisses d'Epargne et son charismatique patron Charles Milhaud d'investir dans Lazard pour sauver son entrée à Wall Street. C'est son plus beau « coup ». Dès lors, il devient incontournable dans la banque du boulevard Haussmann et engrange les mandats : Areva, Caisses d'Epargne, Canal+, le PSG, Colony... Matthieu Pigasse est demandé par tous les patrons désireux d'être dans le « star système ». Il rêve toujours de politiqueEn 2007, deuxième désillusion avec la défaite de la gauche aux présidentielles. Ce sera pour la prochaine fois. Car s'il a parfaitement embrassé sa carrière de banquier, il n'en a pas oublié pour autant ses ambitions politiques. Un moment « gracques » (ce groupe qui milite pour un rapprochement entre la gauche et le centre), il demeure encré au Parti Socialiste (PS). Resté proche de « DSK », il rêve d'une élection de son mentor à l'Elysée. Ce scénario serait sans aucun doute son Everest. Ses meilleurs amis le voient en futur ministre des Finances mais difficile de parachuter un ancien banquier, qui plus est de gauche, à Bercy. Le réalisme le propulserait plutôt à la tête d'une grande entreprise publique. Lui songe sûrement à Areva, dirigée aujourd'hui par une de ses proches amies, Anne Lauvergeon. patron des "Inrocks"En attendant, il continue de réaliser ses rêves. Passionné de presse, il adore les médias et connaît tous les journalistes parisiens. Mais cela ne lui suffit pas. L'été dernier, il rachète le célèbre hebdomadaire les « Inrockuptibles » pour 6 millions d'euros, avec sa fortune personnelle. C'est l'époque aussi où son nom traîne dans les coulisses des journaux « people », racontant sa relation amoureuse avec Marie Drucker, une autre star...des médias.
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