Quand la Corée a profité de la purge pour se réformer

En apparence rien ne pouvait laisser penser que la Corée plongerait à son tour dans la crise financière déclenchée en Asie par la Thaïlande, l'été 1997. Avec ses taux de croissance élevés (9% en 1995 et 7,1% en 1996), son Pib par tête de 11400 dollars, 100 fois celui de 1953, la Corée du sud faisait légitimement son entrée dans le club des pays riches, l'Ocde, en 1996. Pourtant la réalité était contrastée. « De 1994 à 1996, les investissements (des entreprises) en nouvelles usines et en équipements ont augmenté de près de 40% l'an », souligne Paul Blustein, dans son livre enquête « Le châtiment ». La dette des grands groupes coréens (chaebols) dépassaient en moyenne 400% du capital. Ayant libéralisé les mouvements de capitaux dès le début de la décennie 1990, la Corée voit les investisseurs se retirer brutalement. Le risque de défaut pointe, avec pour cause première l'endettement excessif du secteur privé, le gouvernement affichant un budget plutôt à l'équilibre depuis de la début des années 1990. En novembre, des négociations secrètes commencent avec le Fonds monétaire international. Un premier projet de plan d'aide porte sur 30 milliards de dollars. Qui doit être finalement doublé car le won chute. Conditions draconiennesMais en contrepartie, les conditions imposées par le Fmi sont draconiennes et visent une réforme structurelle du pays: doublement des taux d'intérêt à 25%, ouverture en grand de l'économie livrée à la convoitise des investisseurs étrangers notamment dans le secteur bancaire et du courtage, durcissement des règles comptables, plus grande transparence dans les relations entre les banques, les politiques et les entreprises, limitation de l'endettement des chaebols, fermeture des banques malades... Conséquence: nombre de Pme privées de financements font faillite. Le taux de chômage fait un bond à près de 9%, le plus élevé de l'histoire du pays. Les salaires chutent de 10%. L'année1998 se solde par une récession de 6,7%. Mais dès 1999 les investissements directs étrangers reviennent. Le compte courant atteint 40 milliards de dollars après un déficit de 8 milliards en 1997 et la Corée renoue avec un taux de croissance positif. Paradoxe: le gouvernement doit apporter un soutien à ses chômeurs et enregistre un déficit budgétaire jusqu'à - 5% en 1998 et1999.
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