Quand le Canada décrochait du déficit

Au milieu des années 1990, le Canada fait partie du petit club des pays les plus endettés de la planète, affichant un ratio dette sur PIB supérieur à 100 % : le remboursement de celle-ci absorbe chaque année plus du tiers des recettes du gouvernement. Le déficit budgétaire se creuse -il atteint 9,2% en 1994- , et le Wall Street Journal n'hésite pas en 1995 à qualifie dans un éditorial le Canada de « membre honoraire du tiers monde ». Pourtant, la nouvelle équipe arrivée au pouvoir lors des élections de 1993 s'est déjà retroussée les manches : sous la houlette du Premier ministre Jean Chrétien , elle entame un sévère tour de vis budgétaire.RGPP à la puissance 10Certes, Ottawa a déjà tenté à plusieurs reprises de réduire le déficit, en gelant les salaires dans la fonction publique et en procédant à des coupes budgétaires. Rien à voir avec le remède de cheval qu'administre cette fois le ministre des Finances Paul Martin, qui s'appuie sur une « révision fondamentale » du rôle de l'Etat, une sorte de "RGPP" française (révision générale des politiques publiques) à la puissance 10. En attestent les mesures de rigueur décrétées par le gouvernement fédéral : suppression de 45000 emplois, réductions drastiques des subventions agricoles et des aides aux entreprises, du budget de la défense, amaigrissement de l'appareil d'Etat avec la disparition de plusieurs ministères... « Les dépenses de programmes - hors frais de la dette - ont ainsi connu une baisse de 12,7 % entre 1993-1994 et 1996-1997. Le nombre moyen d'employés travaillant dans le secteur public fédéral a été réduit de 16,7 % en 1998 par rapport à son niveau de 1995 », détaille une étude de l'Institut économique Molinari. Baisse du chomageAu total, le gouvernement Chrétien parvient à éliminer en 4 ans près de 42 milliards de dollars canadiens de déficit. Un ajustement qui se traduit par le retour à un excédent budgétaire (+0,2% du PIB) dés 1997. Pourtant, aujourd'hui encore, alors que le ministre des Finances Jim Flaherty doit faire face à un déficit de 3,7%, les économistes s'interrogent sur les véritables raisons de ce rétablissement des finances publiques à la fin des années 90. Car l'administration de l'époque a bénéficié d'une conjoncture économique favorable, le taux de chômage revenant de 12% en 1993 à 9% en 1998. « Les coupes dans les dépenses publiques instaurées en 1995 pourraient même avoir retardé la réduction du déficit budgétaire, , dans la mesure où elles ont substanciellement réduit l'emploi ?et donc les recettes fiscales- dans l'ensemble du secteur public », relèvait Arthur Donner, un consultant économique , dans un article publié dans le Torotonto Star en octobre dernier. Or ce dernier sait de quoi il parle: en 1994, Arthur Donner faisait partie du gouvernement de Jean Chrétien...
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