Goldman Sachs transige avec la SEC, mais pourrait être poursuivi au civil

Goldman Sachs a remporté la première bataille avec des pertes limitées, mais elle n'a pas pour autant gagné la guerre. Accusée, en avril, par le gendarme de la Bourse américaine, la SEC, d'avoir délibérément trompé des investisseurs dans la vente d'un produit structuré (CDO) dénommé « Abacus », la plus célèbre des banques d'investissement a accepté jeudi de verser 550 millions de dollars, soit la moitié du préjudice des investisseurs concernés, pour éteindre la procédure. « Cette transaction est la meilleure solution pour notre firme, nos actionnaires et nos clients », s'est félicité Goldman Sachs. De fait, l'action Goldman Sachs a gagné 4,4 % jeudi à Wall Street, avant d'ouvrir en hausse de 4,7 % vendredi. Elle restait toutefois en recul d'environ 18 % depuis l'ouverture de la procédure.Ce règlement à l'amiable constitue la plus lourde sanction jamais infligée par la SEC à une banque de Wall Street, et la troisième toutes sociétés confondues. Il représente donc une victoire pour le gendarme de la Bourse, souvent taxé de laxisme. « Information incomplète »Si Goldman, selon l'usage anglo-saxon, « ne reconnaît ni ne dément » les accusations de fraude, qu'elle avait d'abord qualifiées de « totalement infondées », elle reconnaît que « les documents de commercialisation d'Abacus contenaient une information incomplète », et qu'elle a commis une « erreur » en omettant de dévoiler le rôle trouble de ­Paulson & Co. Ce « ­hedge fund » influençait la sélection des titres « subprime » auxquels était adossé le CDO tout en pariant massivement sur sa chute, empochant un milliard de dollars aux dépens des autres investisseurs, Royal Bank of Scotland et l'allemande IKB. Pour la SEC, cette décision, même si elle doit encore être validée par un juge fédéral, constitue donc un « puissant message de dissuasion et de responsabilit頻. Goldman Sachs s'est par ailleurs engagée à coopérer dans la procédure en cours contre Fabrice Tourre, son employé français qui a assuré la structuration d'Abacus. La SEC, qui a passé en revue de nombreux montages du même type, ne prévoit pas de lancer d'autres procédures contre Goldman Sachs. Mais l'étoile de Wall Street n'en a pour autant fini avec la justice. Royal Bank of Scotland, qui a perdu 841 millions dans l'affaire mais ne récupère que 100 millions dans cette transaction (contre 150 millions versés à IKB, soit l'intégralité de sa perte), a d'ores et déjà indiqué qu'elle allait « examiner toutes ses options », et notamment celle de poursuivre Goldman Sachs au civil. La SEC souligne d'ailleurs que les termes de ce règlement laissent « la porte ouverte » à de telles démarches. B. J.
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