PME cherchent financements désespérément

Le nerf de la guerre pour les PME, ça reste le financement », estime Jean-Philippe Martin, gérant du cabinet de conseil Horrus et vice-président de la branche services de la CGPME Isère. Or, pour la première fois depuis dix ans, les encours de crédit accordés aux entreprises par les établissements bancaires ont baissé de 0,3 % entre juillet 2008 et juillet 2009, selon la Banque de France. Plus inquiétant encore, le volume des crédits de trésorerie a, lui, diminué de 10,8 %. « Les prêts bancaires sont difficiles à obtenir, à part éventuellement pour financer le poste clients », assure le consultant.Par ailleurs, « les petites entreprises ayant besoin d'accroître leurs fonds propres ne font traditionnellement pas appel à des augmentations de capital, ni aux capital- risqueurs qui cherchent de la rentabilité à deux chiffres ». Résultat : les dirigeants d'entreprise ou associés mettent souvent la main à la poche, quitte parfois à repousser le règlement de leur rémunération, de leurs notes de frais ou à vendre des biens personnels. « Aujourd'hui, les principaux financeurs des entreprises de moins de 10 salariés sont ainsi les chefs d'entreprise eux-mêmes », affirme Jean-Philippe Martin.Garanties remises en causeLe dirigeant observe en outre que, de leur côté, les assureurs crédit tendent à baisser leurs volumes de garanties. « Jugeant les risques croissants, ils jouent la prévoyance : ils refusent des clients, résilient certaines souscriptions ou augmentent les tarifs », résume le consultant. Les garanties ont ainsi été remises en cause dans 57 % des cas et résiliée dans 20 % des cas, selon une étude de la CGPME de mai 2009. Principal secteur concerné : l'industrie. « Un fabricant de luminaires ayant subi une résiliation est désormais obligé de payer comptant un de ses gros fournisseurs au lieu de bénéficier de 45 à 60 jours de délai. En juin, le service achat a refusé de faire partir la commande sans avoir le chèque ! »D'autres clients d'Horrus ont ainsi vu leurs encours se réduire, parfois jusqu'à zéro. « Comme ils font face à de gros délais de paiement avec leurs propres clients, ils doivent augmenter leur fonds de roulement de façon considérable », analyse Jean-Philippe Martin, également juge au tribunal de commerce. Du coup, l'effet boule de neige s'enclenche : « Comme il lui a fallu régler tout de suite un fournisseur, une entreprise de transport a dû déposer le bilan, car elle ne pouvait plus payer les assurances de ses camions. La semaine dernière, c'était le tour d'un fabricant de biens d'équipements pour la maison, en raison d'une cotation à zéro » auprès des fournisseurs. Certaines PME, en particulier prestataires de services pour des entreprises qui se retrouvent décotées, se voient, elles, refuser par leur banquier la cession de créances en affacturage. « Je connais deux sociétés de gardiennage et de nettoyage qui sont ainsi en difficulté. » Pour faire face à ces problèmes, le gouvernement a mis en place un complément d'assurance-crédit public (CAP). Mais il semble que peu d'entreprises connaissent encore ce dispositif. Muriel Beaudoing
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