Marée noire : BP à l'heure des soupçons

Le groupe BP sous-estime-t-il sciemment l'ampleur de la fuite sous-marine de pétrole de son puits endommagé ? Sans prononcer formellement une accusation aussi grave, l'administration Obama témoigne d'une irritation croissante contre le groupe britannique. Dans une lettre adressée à son PDG, Tony Hayward, Janet Napolitano, sécrétaire à la Sécurité intérieure, et Lisa Jackson, administratrice de l'Agence de protection environnementale, ont accusé BP de manquer à l'engagement pris de fournir toutes les données disponibles sur la fuite. « Pour répondre à ses responsabilités et honorer ses obligations, BP doit rendre publiques toutes les données et informations liées à la fuite de Deepwater Horizon - la plate-forme naufragée - qu'ils ont collectées, ou qu'ils collecteront », soulignait notamment le courrier. Doutes sur le débit de la fuiteDepuis plusieurs jours, des hommes politiques et des scientifiques américains ont publiquement mis en doute l'évaluation de la fuite de 5.000 barils (800.000 litres) par jour communiquée par BP. Certains sont allés jusqu'à évoquer des débits dix fois supérieurs. BP a répondu à ces attaques dans un communiqué publié vendredi. Le groupe, qui montre désormais la fuite en temps réel sur son site Internet grâce à une webcam, a renouvelé son engagement à soutenir le travail du gouvernement pour évaluer de façon correcte la fuite. Mais BP a également taclé ses détracteurs, estimant que les évaluations de tierces parties n'étaient pas pertinentes, car reposant sur des hypothèses erronées concernant notamment le diamètre du tuyeau abîmé. « En outre, un tuyau de forage enfermé dans la conduite endommagée du puits sous-marin a réduit de 10 % le flux de pétrole », a aussi souligné l'entreprise. La major a ajouté que la moitié du débit sous-marin était du gaz et non du pétrole.Les dispersants dans le collimateur Mais BP est également attaqué sur un autre front. L'Agence de protection de l'environnement a enjoint le groupe de trouver un dispersant chimique moins toxique, alors que des doutes sur l'impact écologique d'une utilisation aussi massive vont croissant. Pour la première fois dans l'histoire des marées noires, le groupe a utilisé des dispersants au niveau même de la fuite, mais aussi plus classiquement en surface, afin de désagréger les huiles en petites particules, jugées moins polluantes. Alors que BP continue à travailler sur une méthode d'injection de différents produits pour interrompre le flux au niveau du bloc obturateur du puits, la pression continue à s'accroître sur lui. Et la tendance ne risque pas de s'inverser. En surface, la marée noire a commencé à souiller les rivages de la Louisiane, provoquant images de désolation et attisant la colère des habitants. Elle menace également la Floride et Cuba.
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