Opel Mokka : Le petit « Crossover » germano-américano-coréen... à l'assaut de Peugeot et Renault

Avec son côté gros 4x4 brut de fonderie, mais... dans un mini-gabarit, l\'Opel Mokka se la joue. Dans le genre (petit) baroudeur, ce germano-américano-coréen (ouf) arrive dans un créneau en vogue, celui des « Crossovers » de poche créé par le Mini Countryman et le Nissan Juke. Sous ce vocable anglo-saxon, se cachent des véhicules surélevés singeant les tout-terrains avec leur carrosserie typée aventure et de gros pare-chocs et protection latérales, mais qui ne sont techniquement que de braves breaks ou monospaces recarrossés. En bref, des faux 4x4 faits pour les routes ou les... villes. L\'Opel, qui d\'ailleurs est plus long que ses rivaux (4,28 mètres) est toutefois disponible avec une transmission aux quatre roues, contrairement à ses rivaux français Peugeot 2008 et Renault Captur. Il peut donc - du moins en théorie - s\'évader du bitume. Un peu mastoc avec une carrosserie agressive, ce Mokka distille une arôme de petite brute.Plastiques bas de gammeA l\'intérieur, on remarque l\'habitabilité très correcte, un coffre logeable et la banquette arrière rabattable intelligemment puisqu\'elle dégage un plancher plat. Saluons une bonne position de conduite, hormis ce satané accoudoir central qui gêne le passage des vitesses! La présentation, elle, est très... coréenne, c\'est-à-dire avec des assemblages costauds a priori - sauf certains détails -, mais sans raffinement, même avec des sièges en cuir. Si le haut de la planche de bord est recouvert d\'un beau plastique moussé, le reste apparaît constitué de matériaux durs, d\'aspect rustaud plutôt bas de gamme. Comme d\'habitude chez... Chevrolet ! Logique : Opel, filiale allemande du mastodonte GM, ne fabrique pas le Mokka. C\'est la filiale coréenne du groupe de Detroit, laquelle commercialise ses modèles sous le nom de Chevrolet, qui s\'en charge. Le Mokka est d\'ailleurs assemblé sur les mêmes chaînes que son demi-frère, le... Chevrolet Trax. Bref, ce n\'est pas un vrai produit Opel. D\'une voiture arborant un logo qui revendique sa germanité, on attendait mieux. Certes, la finition n\'est pas terrible non plus chez Peugeot, Renault ou Nissan (Juke). Ceci n\'excuse pas cela. Ah, on oubliait : choisissez pour le même prix une ambiance cacao-noire beaucoup plus gaie que l\' « harmonie » ( ?) noire-noire sinistre !A-coups au passage des vitessesTrois motorisations sont disponibles : un 1,6 à essence de 115 chevaux, un 1,4 turbo également à essence de 140 chevaux et un 1,7 diesel de 130. Nous avons testé ces deux derniers, longuement le 1,4 turbo et brièvement le diesel. Disons-le tout de suite : aucune de ces motorisations n\'est enthousiasmante. Le 1,4 turbo manque de répondant avant que le turbo ne s\'enclenche. Si l\'on ne relâche pas l\'accélérateur juste au bon moment, tout en dosant soigneusement un embrayage manquant de progressivité, le passage des vitesses se traduit immanquablement par des à-coups. Et, plus la conduite est dynamique, plus les à-coups sont marqués, à la montée comme à la descente des rapports. Ca donne une conduite heurtée, manquant de fluidité, peu plaisante en ville. Trop creux à bas régime et avec un étagement de transmission pas idéal, ce 1,4 turbo fait son boulot, mais sans brio particulier. Et il faut constamment rétrograder pour relancer la mécanique. On se passerait aussi volontiers du « clong-clong » marqué au passage des vitesses.Diesel de type ancienLe diesel, lui, est un ancien moteur d\'origine nippone Isuzu. Encore un morceau du puzzle GM. Isuzu avait jadis été contrôlé par le consortium du Michigan. Très bruyant, ce moulin rappelle ce qu\'étaient les diesels il y a dix ou quinze ans. Rugueuse, cette mécanique à gazole se montre également apathique en bas du compte-tours. Agaçant dans les embouteillages, de plus en plus inextricables à Paris avec les mesures anti-voiture de la Mairie. Les démarrages en côte sont notamment pénibles. Il faut jouer finement des deux pédales pour ne pas caler. Rien à voir avec l\'agrément d\'un moteur HDi de PSA. Si l\'on fait moins de 10.000 kilomètres par an, le 1,4 turbo à essence, moins cher de 2.000 euros, s\'impose, mais l\'agrément mécanique reste médiocre.Transmission 4x4 disponibleLe Mokka est assez agile et ses qualités routières sont très convenables, sauf lors de changements d\'appuis sur chaussée très dégradée où les roues s\'affolent un peu, rançon d\'une surface au sol relativement faible et d\'un centre de gravité élevé. Les trains roulants sont fermes, mais, même avec les (trop) grandes roues de 18 pouces, la voiture n\'est pas inconfortable, sauf sur les petites inégalités. L\'agrément en comportement est supérieur à celui de la mécanique. Le Mokka en version 4x4 (1.900 euros de supplément sur le 1,4 turbo, 2.000 sur le diesel) n\'a pas de problème de motricité. Ca, c\'est bien, surtout sur terrain glissant. Mais, pour les escapades hors bitumes, il ne faut pas oublier que la garde au sol n\'est pas très élevée et que les pneus proposés sont de pures enveloppes routières. Pour la boue et la neige, ce n\'est pas formidable. On regrette ne pas disposer de pneus quatre saisons comme sur le Peugeot 2008 « Grip control » essayé récemment ici.Rustique mais bien équipéLe Mokka en jette. Mais il se révèle plus rustique à la conduite que ses deux rivaux français. Il a pour lui, toutefois, un rapport équipements-prix intéressant. Dès la version 1,6 Edition à 18.990 euros, on a droit à la climatisation, le régulateur-limiteur de vitesse, le système de contrôle de vitesse en descente, les quatre vitres électriques, le volant cuir, les antibrouillards et, malheureusement, les énormes jantes de 18 pouces... La Cosmo (+1.230 euros) ajoute l\'aide au stationnement avant et arrière ou l\'allumage automatique des phares et des essuie-glaces. La Cosmo Pack (près de 2.000 euros de plus) complète avec le GPS et la caméra de recul, les sièges en cuir. Très bien doté dès les modèles base, le Mokka bénéficie des derniers gadgets « high tech » (en option), telle la reconnaissance des panneaux de signalisation. Avec un gros désagrément : quand le système lit le panneau, il efface l\'indicateur de vitesse (en chiffres) que l\'Opel affiche devant les yeux Aberrant. Bref, à l\'approche d\'un panneau radar, on sait quelle est la vitesse limite autorisée, mais on ne sait plus à laquelle on roule. Nous avons dû couper le lecteur des panneaux pour ne pas tomber dans ce piège. Une Mercedes Classe A fait pareil. Piètre consolation.  Messieurs les ingénieurs, et l\'ergonomie alors? Alain-Gabriel VerdevoyeModèle d\'essai : Opel Mokka 1,4 turbo 4x4 Cosmo : 23.530 euros (+400 euros de malus)Puissance du moteur : 140 chevaux (essence)Dimensions : 4,28 mètres de long x 1,78 de large, x 1,66 de hautQualités : carrosserie qui en jette, équipement, habitabilité, coffre pratique, option 4x4 possible, comportement routier convenableDéfauts : plastiques bas de gamme, à-coups moteur, transmission bruyante, manque d\'agrément mécaniqueConcurrent : Chevrolet Trax 1,4 T 4x4 LT + : 23.290 eurosNote : 12,5 sur 20 
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