Exclusif : Stéphane Courbit et Publicis en passe d'emporter France Télévisions Publicité

L'épilogue est proche dans le long feuilleton de la cession de 70 % du capital de France Télévisions Publicité (FTP), la filiale du groupe audiovisuel public, qui commercialise la publicité sur les chaînes et les sites Web de France Télévisions, et plusieurs dizaines de chaînes extérieures. Des deux candidats qui restaient encore, officieusement, en lice avant Noël, la Financière Lov de l'homme d'affaires Stéphane Courbit (producteur TV, qui s'est aussi lancé dans les paris en ligne), associée au groupe publicitaire Publicis est, selon nos informations, sur le point de l'emporter. Le consortium Media + Écrans, qui rassemble le groupe Internet Hi-Media, Philippe Leoni, ex-dirigeant du groupe de presse d'annonces gratuites Spir, et le groupe Sud-Ouest, serait ainsi écarté.Pourtant, la partie était loin d'être gagnée. Le tandem Courbit-Publicis avait certes la préférence de Bercy, qui par l'intermédiaire de l'Agence de Participations de l'Etat, actionnaire du groupe public France Télévisions, a voix au chapitre. Mais il n'était pas favori des dirigeants de France Télévisions. Pour emporter une affaire mal engagée, Maurice Levy, PDG de Publicis, a sollicité il y a une dizaine de jours un entretien avec Patrick de Carolis, PDG du groupe audiovisuel public. A l'issue de cette entrevue, le duo Courbit-Levy aurait amélioré son offre, réconciliant les points de vues de France Télévisions et de l'Etat actionnaire.France Télévisions soutenait le projet de Hi-MediaLe processus lancé depuis le printemps semblait piétiner depuis plus d'un mois. Le retrait tonitruant mi-décembre du groupe Lagardèrerave;re dénonçant son opacité et sa complexité du processus, et la mise à l'écart, jamais officiellement signifiée à l'intéressé, de NextRadio TV (BFM Radio, TV, RMC, qui a pour actionnaire principal Alain Weill, propriétaire de « La Tribune »), laissait l'État (Bercy), conseillé par la Banque Oddo, et France Télévisions, conseillé par la Banque Rothschild, dans l'incapacité de trouver un consensus.Financièrement, les deux offres n'étaient pas très éloignées. La participation est valorisée un peu plus de 20 millions d'euros, avec des compléments de prix échelonnés de 5 à 10 millions d'euros, selon les performances de la régie sur le marché publicitaire jusqu'en 2012. Concrètement, Stéphane Courbit et Publicis créeront une société commune pour racheter FTP, qui sera détenue à 60% par le premier et 40% le second.Sur le critère social, c'est-à-dire l'avenir des quelque 280 salariés de la régie, Lov-Publicis aurait donné de nouvelles assurances. Les repreneurs devaient s'engager à limiter les départs : c'était le souci des dirigeants de France Télévisions et du patron de FTP, Philippe Santini. Et, pour l'État, des licenciements massifs comme conséquence de l'arrêt de la publicité sur les chaînes publiques décidée par le chef de l'Etat auraient été politiquement délicats à assumer. Pas de plan socia lAprès l'arrêt de la publicité en soirée début 2008, FTP n'a pas fait de plan social. Mais la régie est promise à perdre encore l'activité de vente de publicité en journée sur les chaînes publiques, soit près de 400 millions d'euros de recettes encaissées en 2009. Elle ne conserverait, jusqu'en 2014, date d'échéance du contrat avec France Télévisions, que la publicité en régions sur France 3 et sur Internet. A moins d'un nouveau revirement politique qui maintiendrait la publicité sur la télévision publique après 2012. Une hypothèse qui donnerait lieu aussi à un complément de prix pour le repreneur. Pour tenir ces engagements sociaux, il fallait un projet de développement industriel. Et c'est ce qui faisait pencher la balance en faveur de Hi-Media chez France Télévisions, avec les perspectives de développement dans la publicité sur Internet et en régions, que promettaient l'alliance entre un groupe Internet, Sud Ouest, et la caution de l'ex-dirigeant de Spir (Ouest France), spécialiste de la presse gratuite d'annonces déclinées en régions et sur le Web.Risque de conflit d'intérêtsPublicis a mis en avant ses compétences dans la publicité en ligne et des projets de développement dans la publicité cinéma. En effet, le groupe dirigé par Maurice Levy a mis en avant les complémentarités entre FTP et son activité de régie (MRE) pour les espaces de la SNCF, du Monde et de Médiavision (Cinémas). Publicis s'est engagé à proposer des offres publicitaires communes avec FTP ainsi qu'à développer la régie de France Télévisions dans l'Internet. Une fois rachetée, FTP réalisera ainsi une augmentation de capital d'environ 5 millions d'euros pour financer ce projet.Quant au risque de conflit d'intérêts, pour Publicis dont une partie de l'activité consiste à acheter de l'espace publicitaire (Zenith Optimédia) et qui deviendrait actionnaire d'une société qui en vend, il aurait été écarté en considérant que le chiffre d'affaires de la régie avec le groupe Publicis est inférieur à 15 %. Restent désormais plusieurs étapes à franchir avant l'annonce de l'entrée en négociations exclusives avec Publicis-Lov : l'information des comités d'entreprise et des conseils d'administration de France Télévisions et de FTP, l'avis de la Commission des participations et des transferts. En toute hypothèse, l'opération ne sera pas close avant fin mars.
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