L'Islande s'éloigne de l'Europe

C’était attendu, c’est désormais officiel. L’Islande a suspendu jeudi sa demande d’adhésion à l’Union européenne qu’elle avait formulée après la grave crise financière que le pays avait traversée à partir de septembre 2008. C’est la suite logique de la victoire aux élections législatives du 27 avril 2013 des deux partis de centre-droit, le parti de l’indépendance et le parti progressiste, connus pour leur euroscepticisme.Le nouveau premier ministre, David Gunnlaugsson, a ainsi prévenu que son gouvernement « entendait stopper toute négociation entre l’Islande et l’UE » avant la tenue d’un référendum sur ce sujet. Ceci ressemble à un enterrement de première classe pour la candidature islandaise, car les sondages ne laissent guère de doutes sur l’opinion du peuple nordique : un « oui » à l’adhésion recueillerait aujourd’hui moins de 30 % des suffrages…Des négociations qui patinentEn 2009, la victoire électorale des sociaux-démocrates avait permis d’ouvrir les négociations. Le premier ministre d’alors, Johanna Sigurdardottir, avait présenté l’adhésion à l’UE comme un gage de stabilité du pays. L’objectif était même de faire entrer l’Islande dans l’euro d’ici quatre ans. Mais la situation économique islandaise s’est depuis nettement améliorée, en partie grâce à une dévaluation de fait de la couronne et les attraits d’une adhésion sont devenus moins évidents pour les Islandais. Parallèlement, les négociations ouvertes officiellement en 2011 et qui devaient être rapides, se sont enlisées sur le traitement par Reykjavik des créanciers néerlandais et britanniques d’abord, sur l’épineux problème des zones de pêche ensuite.Régler plus aisément le problème des créanciersLa décision du nouveau gouvernement a également une explication purement économique. Le centre-droit veut en effet lever le contrôle des changes qui est toujours en place depuis 2008. Mais pour éviter une fuite des capitaux et un effondrement de la couronne, cette décision devrait s’accompagner d’une nouvelle restructuration de la dette qui coûtera cher aux investisseurs étrangers. L’UE aurait sans doute exigé un traitement modéré de ces derniers. Or, « une des raisons pour lesquelles les électeurs ont rejeté le gouvernement sortant, c’est sa déférence vis-à-vis des créanciers étrangers », souligne dans une étude récente Jon Danielsson, professeur à la London School of Economics. Le nouveau gouvernement a désormais les mains libres pour mener sa politique et régler définitivement les créances du pays, sans se soucier des implications sur l’adhésion à l’UE.Un échec pour l\'UE?Sur le plan européen, ce refus peut être perçu comme un échec pour l’UE qui n’attire plus guère, malgré l’adhésion programmée en juillet de la Croatie. Mais la question est de savoir si cette adhésion était nécessaire à l’Islande et à l’UE, alors que la législation islandaise est déjà largement calquée sur celle de l’Europe et que l’Islande fait partie de l’espace Schengen. Quant à son entrée dans la zone euro, elle était très discutable, dans la mesure où le pays a pu apprécier les avantages d’un taux de change flexible et où la zone euro aurait hérité d’un pays où toutes les difficultés n’ont pas disparu, comme le montre l’étude de Jon Danielsson…  
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