Ce dimanche, sur les vols court et moyen-courriers d'Air France, les passagers devraient constater quelques changements. À bord, les trois classes de services, toutes séparées par un rideau (Affaires, Tempo Challenges - un espace réservé aux passagers disposant d'un billet plein tarif en classe économique -, et économique), ne seront plus que deux : la Premium et la classe Voyageur (éco). La Premium regroupe les anciennes classe affaires et tempo challenges, la première ayant des rangées de quatre sièges (Premium affaires), l'autre de six (Premium éco). Ainsi, le passager Tempo Challenges aura le sentiment de faire désormais partie des privilégiés de la classe affaires. La coupe champagne, c'est finiCes derniers pourront, eux, constater que l'emblématique coupe de champagne de bienvenue (ou de jus de fruits) ne sera plus offerte. Les passagers de la classe Voyageur, de leur côté, s'étonneront peut-être de l'allégement des prestations à bord. Il n'y aura plus, par exemple, de sandwich sur les vols de moins de 1 heure 45. C'est l'une des contreparties pour disposer d'un billet moins cher. Baisse de tarifsLa nouvelle grille tarifaire, en effet, propose des réductions de prix allant jusqu'à 20 %, voire 30 % sur certaines destinations. Mais sur certaines destinations, les prix restent inchangés. Lors de la réservation de son billet, le voyageur a pu aussi se voir proposer quelques services en option. 50 euros pour avoir la possibilité de modifier son billet et 10 euros pour bénéficier du droit de réflexion de quelques jours entre la réservation et la confirmation du billet. Et demain, il en coûtera 50 euros pour l'enregistrement d'un deuxième bagage. Contrer les low-costCes quelques exemples résument la nouvelle offre européenne (NEO) de la compagnie qui entre en vigueur dimanche. Riposte commerciale d'Air France aux transporteurs à bas coûts (low-cost), cette NEO est censée redresser les comptes du réseau court et moyen-courrier, dans le rouge vif depuis la crise. La crise, en effet, a accéléré les transferts de clientèle vers les low-cost et le train et, pour ceux qui restaient fidèles à Air France, de la classe affaires vers la classe économique. Deux éléments qui n'ont fait qu'amplifier la chute continue depuis des années de la recette unitaire. Air France cible en particulier les PME et TPE (très petites entreprises) qui, en raison de leur faible volume de voyages, ne bénéficient pas des tarifs négociés d'Air France, et ont donc adopté les low-cost. Des analystes estiment la perte d'exploitation d'Air France-KLM sur le moyen-courrier à près de 450 millions d'euros sur l'exercice 2009-2010, clos fin mars. Selon la direction, NEO devrait avoir un impact positif sur l'Ebit de 350 millions d'euros sur l'exercice 2010-2011 et de près de 500 millions au cours de l'exercice suivant.Contestation du personnelAu final, NEO peut permettre de récupérer des passagers et d'augmenter les recettes. Un effort suffisant pour redresser les comptes de manière pérenne ? C'est une autre histoire. L'impact sur les comptes dépendra de la réussite des projets de réduction de coûts. 305 millions d'euros sont espérés à l'horison 2011-2012 dont 149 millions sur les escales françaises, 32 millions sur la restauration à bord et 120 millions sur le personnel navigant. Ce qui provoque de très fortes contestations des salariés. Ce n'est qu'en reportant certaines mesures que la compagnie a évité une grève très dure des hôtesses et stewards à partir de dimanche. Pour beaucoup, la question se reposera, notamment au moment où la direction voudra réviser l'accord collectif sur les conditions de travail et de rémunération. NEO constitue la dernière réponse aux low-cost avec des armes de compagnies classiques. Son échec nécessitera des mesures beaucoup plus radicales avec un rapprochement vers les modèles low-cost.

latribune.fr

30 Mars 2010, 9:38

Partager :