Solazyme et ses micro-algues à tout faire

ocarburantsIl fait encore chaud à South San Francisco, en ce matin de septembre. La petite bourgade, à mi-chemin entre San Francisco et la Silicon Valley, est prête à recevoir un invité de marque, ou plutôt deux : le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, et la secrétaire d'État au Commerce français, Anne-Marie Idrac. Si les deux ont organisé une conférence de presse dans la cour de la société Solazyme, au milieu d'énormes bidons jaunes et bleus, c'est parce que l'entreprise qu'ils visitent a valeur de symbole. Petite société de biotechnologie lancée dans un garage de Palo Alto il y a six ans par un généticien, Harrison Dillon, et un spécialiste des brevets, Jonathan Wolfson, Solazyme intéresse nombre de clients potentiels. Dont des entreprises françaises, de l'agroalimentaire ou du pétrole. Car Solazyme a mis au point un procédé plus abouti que d'autres du même domaine, fondé sur la culture de micro-algues. Dans le petit laboratoire blanc, ces dernières se nourrissent de déchets de canne à sucre, copeaux de bois, herbes folles et toute autre forme de biomasse. « En fermentant, les cellules ?engraissent? et produisent un corps gras. Et en quelques heures, nous pouvons répliquer ce que la nature a mis des millions d'années à produire : du pétrole », explique Harrison Dillon. des cookies délicieuxDu pétrole, mais aussi de l'huile de table. Solazyme peut ainsi fabriquer aussi bien des cookies (délicieux) qui font baisser le taux de cholestérol, que du kérosène pour avions ou navires. Un carburant qui réduit de près de 90 % les émissions de gaz à effet de serre inévitables avec l'énergie fossile.Une aubaine pour la Californie, en pointe dans la lutte contre le changement climatique. Arnold Schwarzenegger secoue même sa grande carcasse d'ancien body-builder en déclarant, hilare, qu'il est prêt à baptiser les petits gâteaux de Solazyme « diet cookies », ou gâteaux de régime ! « C'est aussi la preuve que nous pouvons protéger l'environnement et l'économie en même temps », assure-t-il, plus sérieusement. L'idée que les États-Unis pourraient un jour s'affranchir de leur dépendance au pétrole importé n'est pas loin?Si les noms des sociétés françaises intéressées, soutenues par Anne-Marie Idrac dans leur désir de se doter de produits verts, ne sont pas encore connus, d'autres contacts ont déjà été officiellement noués par la petite start-up californienne. Ainsi, Solazyme a signé au début septembre un contrat avec la marine américaine. Elle fournira, à titre expérimental d'abord, 20.000 galons (74.000 litres) de fioul renouvelable sur l'année 2010, afin d'actionner les machines des navires qui mouillent dans la baie. « La marine est le plus gros utilisateur de carburant des États-Unis », précise Jonathan Wolfson. Dans deux ans, la société, qui a été lancée avec l'aide de « business angels » de la Valley, espère être compétitive, aussi bien en termes de volumes d'huile produite que de prix par rapport au pétrole traditionnel. Pour poursuivre ses recherches, elle a réussi à lever auprès de capital-risqueurs de la région des fonds supplémentaires. Les clients, notamment français, devraient ensuite lui apporter de solides revenus.Lysiane J. Baudu, à South San Francisco
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