Rio-Paris, ce crash qui a changé Air France

Triste anniversaire mardi pour les familles des 228 victimes du crash de l'AF 447 Rio-Paris dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2009. Un accident qui restera un mystère en l'absence des boîtes noires qui enregistrent les conversations dans le cockpit et tous les paramètres du vol. Retrouver l'épave aurait donné l'espoir de les retrouver aux alentours. En vain, les trois phases de recherche dans l'océan Atlantique n'ont rien donné.Un an après, qu'est-ce qui a changé chez Air France?? Plusieurs choses. Son approche de la sécurité, notamment.Audit externeSous la pression des pilotes, la direction a lancé plusieurs chantiers pour remettre à plat son système de sécurité. Fin 2009, elle a mis en place un audit externe, dirigé par un retraité de Boeing.Celui-ci, après avoir passé au peigne fin toutes les pratiques de la compagnie, proposera d'ici à la fin de l'année à la compagnie toutes les pistes d'amélioration de la sécurité. Pendant ce temps, le groupe de travail interne baptisé Trajectoire, créé lui aussi fin 2009, planche également sur le sujet. Il est dirigé par un pilote, Éric Schramm, également nommé à tête de la direction des opérations aériennes. « Les deux structures ne sont donc pas en opposition », se félicite un pilote.Un pilote au comité exécutifEn effet, l'organisation aussi a été modifiée (plusieurs têtes demandées par les pilotes sont tombées). Éric Schramm rapporte directement au directeur général d'Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon, et a même rejoint le comité exécutif d'Air France. Pour l'heure, en attendant les conclusions de l'audit, dont un premier rapport d'étape pourrait voir le jour avant l'été, plusieurs mesures symboliques ont été prises. Elles concernent le plancher de stabilisation (À quelle altitude l'avion doit-il être en configuration d'atterrissage?? C'est-à-dire avec train d'atterrissage et volets sortis et avec vitesse et trajectoire stabilisées), le gel de la modification de la documentation des pilotes, les codes retards ou encore la tenue d'assises sur la sécurité. Les premières se tiendront les 9 et 16 juin.Écoute accrueÉric Schramm écoutera les pilotes qui s'exprimeront sur leur coeur de métier, la préparation et l'assistance du vol, par exemple a indiqué Erick Derivry, porte-parole du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL).« Le but est de leur permettre d'apporter leur contribution à la sécurité des vols. Il y avait jusqu'alors une déconnexion très grande entre ce que les pilotes pensaient et ce que le management mettait en oeuvre, ce qui a créé le déficit de confiance, voire de défiance, des pilotes envers leur direction », a-t-il précisé.Image détérioréeL'autre changement n'est pas interne, cette fois, mais externe?: c'est l'image d'Air France. Encore positive il y a un an, celle-ci est écornée. « Il y a en effet toute une image négative autour d'Air France », reconnaît un cadre de la compagnie. Le mystère sur le crash a laissé un boulevard à tous les scénarios. Certains pilotes mettent en cause directement la compagnie et l'ont clairement dit dans la presse.En outre, le livre « la Face cachée d'Air France », qui a fait grand bruit à sa sortie, le 19 mai, met les pieds dans le plat. L'ouvrage souligne notamment qu'avec l'accident du Concorde en 2000, dont le procès s'est achevé vendredi, l'accident de Toronto en 2005, puis le Rio-Paris, Air France a « les statistiques de sécurité d'une compagnie de seconde catégorie ». Pour son auteur, Fabrice Amédéo, le problème semble « culturel ».Air France a réagi en assurant que la sécurité était sa priorité. Il n'empêche, « Air France a perdu de sa prestance et de sa superbe », selon l'expert aéronautique Gérard Feldzer. « Cet accident a fait prendre conscience que cette compagnie et son personnel (...) étaient vulnérables. »
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