Procès de Fabrice Tourre : l'ancien trader de Goldman Sachs joue la carte du "low profile"

Ce vendredi, à New York, le procès le plus emblématique de la crise financière de 2008 entrera dans son 11ème jour. Avec, dans le rôle-titre, le Français Fabrice Tourre, désormais mieux connu sous le surnom de \"Fabulous Fab.\" Cet ancien trader de la banque Goldman Sachs, aujourd’hui âgé de 34 ans, est accusé par la Securities and Exchange Commission (SEC) – le gendarme américain des marchés financiers – d’avoir sciemment trompé des investisseurs, quelques mois avant l’éclatement de la crise des subprimes (crédits hypothécaires américains risqués), en 2007.Le hedge fund Paulson avait pressenti l’éclatement de la crise des subprimesPetit rappel des faits : il y a six ans, Fabrice Tourre, qui travaille alors chez Goldman à New York, conçoit un produit financier complexe, baptisé Abacus. Dans les grandes lignes, il s’agit d’un portefeuille composé de crédits hypothécaires américains à risque, les fameux subprimes. Le hedge fund Paulson, l’un des gros clients de Goldman Sachs, participe à l’élaboration d’Abacus, dans l’optique de jouer le produit à la baisse, car le fonds spéculatif pressent l’éclatement de la crise des subprimes.Le problème, c’est que les investisseurs qui achètent des titres Abacus ne savent nullement que Paulson, lui, mise à la baisse sur le produit. Résultat des courses, la bombe des subprimes finissant bel et bien par exploser, Paulson empoche une plus-value de 1 milliard de dollars, Fabrice Tourre un bonus de 2 millions, tandis que les investisseurs perdent 1 milliard de dollars.L’ancien trader continue de nier toute malversationEntendu par le Sénat américain il y a trois ans, lorsque l’affaire avait éclaté au grand jour, Fabrice Tourre avait affiché devant les parlementaires une confiance en soi confinant à l’arrogance. Aujourd’hui, il semble avoir choisi de jouer la carte du « low profile », s’excusant auprès du tribunal pour son accent français, priant les avocats de lui répéter certaines questions qu’il n’aurait pas bien comprises.Mais ce qui ne change pas, c’est sa ligne de défense. L’ancien trader continue de nier toute malversation. Même lorsque l’avocat de la SEC, Matthew Martens, lui met sous le nez l’une des principales pièces à conviction du dossier, le désormais célèbre courriel adressé le 23 janvier 2007 par Fabrice Tourre à sa petite amie de l’époque, Marine Serres, qui travaillait également chez Goldman Sachs, mais à Londres : « L’édifice tout entier peut maintenant s’effondrer à chaque instant. Le seul survivant éventuel : « Fabulous Fab », debout, au milieu de toutes ces opérations exotiques, complexes, qu’il créa sans forcément saisir toutes les implications de ces monstruosités !!! »Fabrice Tourre risque de se voir interdit à vie de travailler dans la finance\"Je n’ai pas créé de monstruosités\", a nié Fabrice Tourre jeudi soir, interrogé par Matthew Martens. Et d’ajouter : \"Il s’agit là d’un e-mail idiot, romantique, envoyé tard le soir dans un moment de stress.\" Le jeune homme mise visiblement sur les difficultés de ses conditions de travail pour tenter de rallier les neuf jurés à sa cause, rappelant qu’en 2007, alors âgé de 28 ans seulement, il trimait jusqu’à minuit, six jours sur sept, dans un immense open space, où il n’était qu’un trader parmi des centaines d’autres.Pas sûr que cela suffise à attendrir les jurés. A moins que ces derniers ne considèrent le jeune homme comme une sorte de bouc émissaire, Goldman Sachs – sans reconnaître sa propre culpabilité mais sans la nier, non plus - s’étant affranchie des poursuites de la SEC dès 2010, moyennant la somme colossale de 550 millions de dollars. Fabrice Tourre, lui, risque de devoir rembourser les sommes indûment perçues dans le cadre de l’affaire Abacus et de se voire interdit à vie de travailler dans la finance.  
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