Restructuration de la Banque de France : les syndicats jouent sur la corde sensible du financement des PME et des ménages

Les syndicats de la Banque de France l\'assurent : ce ne sont pas tant les suppressions de postes qui les inquiètent que le risque que fait planer le projet de réorganisation de la vénérable institution sur « les entreprises et sur nos concitoyens. » Pour mémoire, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, avait présenté le 21 septembre un plan de restructuration prévoyant 2.500 suppressions de postes nettes d\'ici à 2020. Vent debout contre ce plan, l\'intersyndicale avait appelé à une nouvelle journée de grève nationale, ce mardi 29 janvier.La question de la cotationSelon les syndicats, le plan ne devrait pas être sans conséquences sur le financement des entreprises et des ménages. En effet, nombre de PME et d\'ETI (entreprises de taille intermédiaire) bénéficient d\'une évaluation gratuite de leur équilibre financier par la Banque de France, qui leur attribue une cotation, laquelle conditionne leur accès au crédit bancaire. Or le projet de réorganisation « pourrait conduire à une moindre fiabilité des cotations. Ce qui serait lourd de conséquences pour les entreprises, dont les conditions d\'accès au crédit sont directement liées à cette cotation », souligne le cabinet Secafi, mandaté par les syndicats de la Banque de France, dans un rapport remis lors du comité central d\'entreprise (CCE) extraordinaire de mardi.Toujours sur le plan du financement des entreprises, les syndicats s\'interrogent sur le devenir de la médiation du crédit, gérée depuis 2008 par les 105 directeurs départementaux de la Banque de France. Ces médiations départementales ont instruit pas moins de 16.000 dossiers, ce qui a permis le déblocage de 1,8 milliard d\'euros de crédits et, partant, la préservation de 170.000 emplois. « L\'exercice de nos missions confirme la nécessité d\'un réseau dense de succursales de la Banque de France pour l\'efficacité de l\'économie nationale et locale », insistent les syndicats.Une hausse de 8% des dossiers de surendettementDe la même façon, avec la fermeture programmée de 60 bureaux d\'accueil sur 85, d\'ici à 2020, nul doute que les services aux particuliers surendettés pâtiront, eux aussi, du plan de restructuration de la Banque de France, s\'inquiète l\'intersyndicale. Rééchelonnement de dettes, moratoires, effacement partiel de l\'ardoise... En 2011, près de 232.000 dossiers de surendettement avaient été déposés auprès de la Banque de France, soit une hausse de 8% par rapport à 2010. Compte tenu de « la situation de crise dans laquelle est plongé le pays, le nombre de personnes ne pouvant plus honorer leurs remboursements de prêts (...) risque d\'augmenter, dans les prochaines années », souligne le cabinet Secafi. Qui se demande donc si la réorganisation de la Banque de France permettra de « préserver la qualité du service. »Un moratoire sur les suppressions de postes ?« La réforme veillera à protéger les particuliers et les entreprises, et à maintenir un lien étroit entre ces publics et la Banque de France », assure la direction. Qui juge par ailleurs le rapport de Secafi « constructif » et le considère comme « une bonne base de discussion et de dialogue. » Les syndicats, eux, dénoncent au contraire un « non-dialogue social. » Ils appellent à un moratoire sur les suppressions de postes, ainsi qu\'à l\'organisation d\'une table-ronde entre la direction de la Banque de France, les représentants du personnel, des entreprises, des associations de consommateurs, des responsables politiques et des élus locaux. Une démarche soutenue par le parti EELV (Europe Ecologie Les Verts), les parlementaires communistes et républicains, ainsi que par 17 députés socialistes emmenés par Julie Sommaruga, députée des Hauts-de-Seine. 
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