Comment Owni surfe sur la vague Wikileaks

En France, Wikileaks a jeté en octobre un coup de projecteur sur Owni au moment de la publication des 400.000 documents militaires sur la guerre en Irak. Contactée par le mystérieux fondateur de Wikileaks, Julian Assange, la petite société parisienne, autoproclamée spécialiste des médias sociaux, a développé le moteur de recherche permettant à tout citoyen d'accéder facilement aux documents militaires. Depuis ce week-end, les derniers documents de Wikileaks - des mémos diplomatiques - font la « une » du site Owni.fr, qui a développé une application d'accès aux documents, baptisée Statelogs. Mais sans partenariat avec Wikileaks. « Ils ne souhaitaient pas d'application particulière, et nous ne voulions pas être contraint par un accord de confidentialité. La dernière fois, nous avons eu accès aux documents une heure avant leur publication », indique le fondateur d'Owni, Nicolas Voisin. Un embargo peu pratique pour Owni, qui n'a pas été rémunéré par Wikileaks mais dont le modèle économique repose sur la vente de prestations techniques. Ainsi, pour amortir en partie sa nouvelle application, Owni a noué des partenariats avec le site Slate.fr et le quotidien belge « Le Soir » qui vont proposer l'application du site - baptisée Statelogs - et les documents associés. « Nous allons pouvoir intégrer massivement du contenu sur le site. Notre équipe est trop petite pour le faire », indique le fondateur de Slate.fr, Johan Hufnagel. Mais le potentiel commercial de l'affaire est faible pour Owni. Car, Wikileaks divulgue ses documents au compte-gouttes. Ce qui a empêché Owni d'aller commercialiser Statelogs à des journaux, comme « Le Figaro » ou « Libération ». Seuls les grands médias avec lesquels Julian Assange a conclu des accords d'exclusivité - sans contre-partie financière, ont affirmé à « La Tribune » le « New York Times », le « Guardian », « Le Monde » et « Der Spiegel » - ont eu accès à l'ensemble des documents. Nouveaux métiersMais pour Owni, Wikileaks est une occasion de montrer son savoir-faire. Outre la conception de sites Internet ou de prestation de design, Owni met en avant le « journalisme de données », qui consiste à construire des bases de données à partir de grandes masses d'informations et à les mettre en forme. Aux États-Unis, ces métiers ont fait leur entrée dans les rédactions. Le site américain Slate a créé une application à partir de toutes les créations et destructions d'emplois par État sur les trois dernières années, traitant ainsi des dizaines de chiffres. En France, ces métiers n'existent pas dans les rédactions. Owni veut également être un site d'informations traitant de l'actualité du numérique. Mais ce n'est pas son coeur de métier, le site étant surtout une vitrine. « Pour moi, l'information ne peut être financée ni par l'audience, ni par la publicité, ni par le payant, ni par l'État », tranche Nicolas Voisin. La prestation technique représente 100 % du chiffre d'affaires d'Owni qui devrait atteindre entre 1,2 et 1,5 million d'euros en 2011, contre 600.000 à 800.000 euros cette année. Après 349.000 euros, Owni, qui compte à son capital Xavier Niel (Iliad) et Marc Simoncini (Meetic), cherche à lever 1,5 million d'euros.
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