Alfa Romeo Giulietta : Belle, capricieuse et un peu triste

Elle est jolie, plutôt agréable à conduire et assez sobre. Mais, après l'avoir attendue si longtemps, on reste un peu sur sa faim.

Celle-là, on l?attendait ! Avec quasiment un an de retard, la belle italienne a joué les divas capricieuses. Nous étions si impatients. Une nouvelle Alfa ? Il y a de quoi faire battre les c?urs des passionnés. D?autant que la firme nous promet monts et merveilles. La Giulietta doit être l?Alfa du renouveau. Elle arrive, enfin. Ouf.

Esthétiquement, cette jolie berline compacte remplit son contrat. La face avant, sensuelle et très sculptée, apparaît particulièrement réussie. A l?arrière, nous regrettons les feux ronds, façon Ferrari, de la petite s?ur Mito, mais ce n?est pas mal quand même. Latéralement, les galbes et courbures donnent du dynamisme et de la prestance. Une vraie Alfa, de ce point de vue. Les poignées de portes arrière, dissimulées dans le prolongement des vitres, donnent l?impression d?un coupé à deux portes seulement. Bien. C?est l?Alfa 156 qui avait d?ailleurs inauguré cette astuce à la fin des années quatre-vingt-dix. Malheureusement, cette trouvaille esthétique a été largement reprise depuis par la concurrence. Et, du coup, elle paraît moins originale. Notons toutefois que cette poignée n?est guère pratique à cause d?une préhension peu naturelle. Mais, bon, on ne va pas chipoter.

A l?intérieur, le design n?est pas vilain. Mais, on est moins enthousiastes. On espérait plus d?originalité, de clins d??il au passé. La qualité des assemblages n?est pas mauvaise. Mais les matériaux employés sont disparates. Si certains plastiques sont corrects, sans plus, d?autres, durs et facilement rayables, détonnent. Cela ne fait pas très haut de gamme, pour une voiture qui veut concurrencer les Audi A3 ou BMW 1. Le bandeau en plastique gris - d?autres coloris sont disponibles moyennent 100 euros de supplément - se marie mal avec des placages en noir « piano ». La finition aluminium de la grande s?ur 159 avait plus de classe. Quant aux sièges, ils étaient revêtus, sur notre modèle d?essai Distinctive (deuxième niveau de finition), d?un tissu quelconque, rêche, peu valorisant. Mais où est donc passé l?Alfatex (faux daim) de naguère ? Une vraie régression. Recommandons du coup les sièges en cuir rouge. Mais il faut débourser 1.500 euros supplémentaires.

De surcroît, notre véhicule d?essai était affligé d?une présentation gris-noir froide et triste. Franchement, pas la peine d?acheter une italienne pour ça ! On se croirait à bord d?une Renault Mégane, d?une Opel Astra ou d?une Hyundai. Pourquoi employer une pléiade de « marketers » et designers pour aboutir à cette ambiance banale et sans imagination ?

Par ailleurs, l?ergonomie est bizarre. L?accoudoir central avant - revêtu d?un tissu rugueux - gêne? le passage des vitesses. Si on l?escamote, c?est le coude qui bute dessus en seconde ou en quatrième. Le compteur de vitesses est situé trop à gauche, caché en partie par la jante du volant et la main gauche. De plus, les chiffres sont trop petits et les graduations pas évidentes. Nous avons aussi déploré le fonctionnement du lave-glace. Une simple pression, ou deux, sur le levier envoie bien le jet, mais ne déclenche pas? les essuie-glaces. Résultat : pendant quelques secondes, on ne voit plus rien ! Il faut une pression prolongée pour que les essuie-glaces se mettent en marche. Comment les services d?homologation peuvent-ils autoriser quelque chose d?aussi dangereux ? Tout ça pour des économies de bouts de chandelle. Ca fait vingt ans que nous déplorons ce défaut sur les voitures du groupe Fiat. Enfin, mémoriser une station de radio ou essayer d?écouter une station mémorisée demande trop d?opérations. Les réglages de la radio ne sont pas assez intuitifs. Soulignons aussi la difficulté de fermeture des portières arrière, qu?il faut claquer.

Allez, cessons de grimacer et prenons le volant ! La position de conduite est bonne, déjà ça. Le moteur diesel de 170 chevaux se montre souple, élastique, moins rugueux qu?un TDI Volkswagen, mais bruyant. Les performances n?ont toutefois rien d?extraordinaire. Mais, il suffit de se servir du système « dna » pour changer les choses. En poussant le petit levier sur la position « dynamic », qui agit sur la cartographie du moteur mais aussi sur d?autres paramètres comme le durcissement de la direction, la mécanique se transforme. Elle devient carrément rageuse et sportive. La tradition Alfa est préservée. Quel plaisir, alors ! Ceci dit, au lieu de ce gadget, nous aurions préféré une seule version, plus dynamique que la position « normale » de la « dna » et moins extrême que la position « dynamic ». La boîte de vitesses est assez sèche, mais ce n?est pas critiquable en soi. En revanche, le verrouillage de la troisième manque de netteté, et on se demande souvent si le rapport est bien enclenché. Un mauvais réglage ?

Alfa s?enorgueillit d?offrir le système « sport and start » sur ses mécaniques (arrêt et redémarrage automatiques du moteur au feu rouge), censé économiser le carburant et rejeter moins de C02. Excellente initiative? Sauf que le système a obstinément refuser de fonctionner durant tout notre essai ! Rien à faire. Il affichait à chaque arrêt la mention « non disponible ». Pourquoi ? Déjà, sur une précédente Fiat Punto, nous avions noté des difficultés, parfois, à redémarrer. Cela nous a mis carrément en colère. Sur des Honda, Volkswagen, Kia, BMW, Land Rover, dotées d?un tel système, jamais nous n?avions jusqu?ici rencontré ces inconvénients. Certes, notre modèle d?essai était l?un des premiers exemplaires commercialisés. Mais, quand même ! On imagine la tête du client qui a fait le chèque. Ceci dit, même sans « stop and start », les consommations restent raisonnables.

Le châssis est sain. C?est bien mieux que sur une Fiat Bravo ou une Lancia Delta. Les suspensions sont plutôt souples, ce qui est étonnant pour une Alfa. Dès lors, le confort est préservé, malgré un amortissement un peu chahuteur sur mauvaise route. Notons qu?Alfa abandonne la mode idiote des pneus à flancs très bas, fragiles et inconfortables. Tant mieux. Puisse la concurrence se rallier à cette voie sage ! Si la voiture est assez pataude en position « normale », elle devient plus agile en position « dynamic ». Mais, alors, c?est le train avant qui devient limite et éprouve quelques difficultés à passer la puissance. Gare aux accélérations trop brutales, surtout sur le mouillé !

Autant l?avouer, nous avons été déçus. « Notre » Giulietta était belle, agréable à conduire, dotée d?un moteur sympathique (en position « dynamic »), mais elle manquait de mise au point. Par ailleurs, l?intérieur apparaît trop ordinaire, sans charme particulier. Où sont donc passés les designers de la Fiat 500 ? Ils ont été virés ou quoi ? Oui, c?est vrai, nous avons le sentiment d?avoir été bien plus sévères que lors d?autres essais. Mais, justement, il ne s?agit pas de n?importe quelle voiture, mais d?une ALFA, marque mythique au même titre que BMW. On pardonne moins à ceux qu?on aime.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d?essai : Alfa Romeo Giulietta 2,0 JTD 170 Distinctive : 29.250 euros (-100 euros de bonus)

Puissance du moteur : 170 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,35 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,46 (haut)

Qualités : esthétique, plaisir de conduite (en position « dynamic »), sobriété

Défauts : dysfonctionnement du « stop and start », présentation quelconque, défauts d?ergonomie, train avant limite (en position « dynamic »)

Concurrentes : VW Golf GTD : 30.640 euros ; Audi A3 Sportback 2,0 TDI 170 Ambiente : 30.920 euros ; BMW 120d Confort : 32.050 euros

Note : 12,5 sur 20
 

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