Les nouveautés BD à offrir à Noël

Pas facile de choisir des BD lorsque l'on ne s'y connaît pas et que l'on veut les offrir à un amateur qui risque déjà de les avoir. Le moins risqué, dans ces cas-là, est de miser sur des albums sortis récemment. Petit tour d'horizon subjectif des nouveautés de cette fin d'année.
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Vampire, vous avez dit vampire ? Le thème est à la mode depuis Twilight. Pour se replonger au coeur du mythe sans avoir pour autant avoir affaire à une énième adaptation de Dracula de Bram Stoker, direction "D.", par les auteurs de "Garulfo". Une BD, dont le deuxième opus vient de sortir et qui revisite le roman de Bram Stoker. Si à peu près tous les personnages sont présents, l'histoire n'a rien à voir mais reste dans le même esprit. Avec, la clé, une belle surprise dans le deuxième tome qui montre que les personnages centraux de l'histoire ne sont pas forcément ceux que l'on croyait à la lecture du premier album. Quand on connaît les talents scénaristiques d'Ayroles (De Cape et de Crocs, Garulfo, Sept missionnaires), il n'y pourtant pas de quoi être surpris... "D" Tome 2, de Ayroles et Maiorana, éditions Delcourt

Cixi impératrice. Le scénariste à succès Arleston a décidé d'explorer les moindres recoins du monde de Troy (Lanfeust de Troy, Trolls de Trolls, les Conquérants de Troy, l'heure des Gargouilles, Nuit Safran, Guerrières de Troy...). Au milieu de cette profusion de fin d'année (Conquérants de Troy Tome 3, Lanfeust Odyssée Tome 3...), signalons le troisième et dernier tome de "Cixi de Troy". D'abord parce que les deux premiers ont été dessinés par le trop rare Olivier Vatine (Aquablue), le troisième étant co-dessiné par Vatine et Floch (Naugragés d'Ythaq). Un dessin incroyable de mouvement, aux cadrages impressionnants, dans lequel aucun trait n'est inutile. Ensuite, parce cette trilogie menée tambour battant raconte le parcours Cixi, la jeune effrontée de la bande à Lanfeust, lorsqu'on l'a quittée dans Lanfeust tome 5 pour la retrouver aux bras de son ennemi juré dans le tome 6. Que les non initiés ne s'inquiètent pas : si l'histoire fait le trait d'union entre les deux albums de la saga principale, elle peut se lire de manière indépendante. Piraterie, aventure, suspense, magie... tous les ingrédients sont là pour passer un bon moment. La fin les laissera juste un peu sur leur faim mais leur donnera envie de se plonger dans Lanfeust de Troy. "Cixi" Tome 3, de Arleston, Vatine et Floch, éditions Soleil

Dolce vita pas si dolce que cela. "La Commedia des ratés", d'Olivier Berlion sur un scénario de l'écrivain Tonino Benaquista, raconte l'histoire d'un étudiant français d'origine italienne dont un ami d'enfance, italien lui aussi, est abattu et qui reçoit en héritage une petite vigne produisant un picrate infâme au fin fond d'un petit village dans la région de Rome. Pourquoi cet ami s'était-il mis à acheter ces lopins de terre, lui qui n'a jamais été amateur de bon vin? Pourquoi a-t-il été tué? L'enquête va permettre de se plonger au coeur d'une petite communauté italienne en banlieue parisienne, dans l'ambiance d'un petit village italien avec ses rumeurs, ses personnages à fort caractère, ses petites frappes et ses empêcheurs de vinifier en rond. Le dessin réaliste et les splendides aquarelles de Berlion immergent entièrement le lecteur. Les décors des appartements par exemple, en banlieue, comme dans le village, font que l'on s'y croit vraiment : on touche du doigt le quotidien des personnages. Et le scénario révèle son lot de surprises. Le second tome qui vient de paraître marque la fin de l'histoire. Un polar à la Chabrol à lire "al dente". "La Commedia des ratés" Tome 2, de Berlion et Benacquista, éditions Dargaud

Pince-sans-rire. S'il y a une BD qui sort du lot par son originalité, c'est bien "La Marche du crabe", dont le deuxième tome vient de paraître. Arthur de Pins est parti d'une idée assez farfelue : se pencher sur le sort de ces crabes carrés, vivant sur la côte Atlantique, qui ne savent pas tourner et passent donc leur vie à faire des allers-retours sur leur ligne droite. Une idée dont il creuse chaque filon. Avant d'être une BD, il s'agissait d'un court-métrage ayant remporté plusieurs prix d'animation. Difficile de réaliser trois albums sur ce thème? Pas du tout! A travers cette étude animalière, c'est l'histoire des comportements de groupe, de la révolution, et de la lute des classes que l'auteur décrit. Le tout enrobé dans un humour décapant, présent à presque chaque page. A ne surtout pas rater, que l'on soit amateur ou non de BD. Impossible de ne pas apprécier. "La marche du crabe" Tome 2, de Arthur de Pins, éditions Noctambule

Finir l'inachevé. Adapter et terminer un roman de Robert Louis Stevenson (lîle au trésor, Dr Jekyll et Mr Hyde...), il fallait oser. D'autant que l'auteur qualifiait lui-même ce roman laissé malheureusement inachevé comme étant son chef d'oeuvre. Jean Harambat l'a fait et s'en sort avec les honneurs. Le premier tome de "Hermiston" montrait Archibald fils rebelle d'un implacable juge au début du XIXe siècle, en exil - ou plutôt mis au vert dans les plaines écossaises. Il y découvrait la richesse culturelle de cette campagne tandis qu'on lui contait les histoires du village, et rencontrait la belle Christina... pour laquelle il va commettre un meurtre au début de ce second tome. Dans cet album, retour à la ville pour affronter le père. Ce dernier devra juger, au sens propre comme au figuré, son fils Archie. Ironie de l'histoire : Archibald avait été "exilé" pour s'être opposé à son père trop prompt à distribuer les peines de mort, et il revient menottes aux poignées pour avoir commis un homicide. Grâce à des dialogues ciselés et un dessin d'écorché vif, Jean Harambat rend honneur à cette matière brute, sans decorum ni superflu. Les textes, comme le dessin, vont à l'essentiel pour mieux toucher le lecteur. Et la fin ? On ne saura jamais si c'était celle qu'aurait privilégié le maître, mais elle se tient parfaitement. "Hermiston" Tome 2, de Jean Harambat, éditions Futuropolis.

Quai d'Orsay, travail d'orfèvre. Après un premier tome couronné de nombreux prix, le tome 2 de "Quai d'Orsay" est sorti. Suivez le quotidien d'un ministre français des affaires étrangères qui ressemble plus que furieusement à Dominique de Villepin pendant l'épisode irakien, où la France s'était illustré en se dressant contre Etats-Unis sous la présidence de Jacques Chirac. Ce second tome, comme le premier, réussit le tour de force d'à la fois permettre au lecteur de découvrir les coulisses du ministère (écriture, réécriture, réréécriture de discours, urgences, protocoles, joutes oratoires, intrigues politiques...) et de faire rire à chaque page. Un peu à la "Spin City", la série télé où Michael J. Fox joue le rôle de l'adjoint au maire de New York. Il faut dire que le scénariste a réellement travaillé au ministère des affaires étrangères. Quand au dessinateur Christophe Blain, sous des dehors très simples, il parvient à camper chaque personnage en quelques traits et apporte une puissance et une vitesse à chaque mouvement du ministre. Et on se surprend à lire certaines pages à toute allure uniquement parce que le dessin le dicte. Il faut avoir soi-même dessiné pour mesurer la performance de pouvoir "contrôler" ainsi le rythme de lecture sans que l'on s'en aperçoive. Mais ces prouesses techniques et scénaristiques ne doivent pas faire oublier l'essentiel: cette BD est à hurler de rire! "Quai d'Orsay", Tome 2, de Lanzac et Blain, éditions Dargaud

Les fils de l'Aigle. Dans ce troisième tome des "Aigles de Rome", une série entièrement réalisée par le prodige Enrico Marini, au dessin et aux couleurs hyper réalistes, on continue de suivre le destin de deux frères de sang sous la Rome antique. L'un est un romain, l'autre un "barbare" (un germain) gardé en otage depuis son enfance et élevé dans la plus pure tradition romaine. Les deux sont des guerriers émérites qui gravissent peu à peu la hiérarchie de la légion. Faire vieillir des personnages en dessin, de manière imperceptible, n'est jamais chose facile, mais Marini s'en sort sans surprise avec les honneurs. Pour un premier scénario, il s'en sort avec les honneurs : l'histoire est bien rythmée, les histoires d'amour, intrigues politiques, trahisons et scènes de bataille se succèdent avec une précision horlogère et l'on suit avec délectation le parcours de ces deux hommes que le destin va séparer. Si la conclusion semble inéluctable, le chemin pour y parvenir tient en haleine. Pour faire une comparaison extrêmement osée, on peut rapprocher cette histoire du choc que l'on a eu en étant petit en voyant Rox et Rouky, un chien et un renard élevés ensemble mais dont la nature est si différente qu'ils finiront par s'affronter. "Les Aigles de Rome", de Marini, éditions Dargaud

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