« Le design est indispensable à la stratégie de développement d’une entreprise »

Du 1er au 7 juin prochain se tiendra la 15e édition des D’DAYS, le Festival du design du Grand Paris, une édition résolument tournée vers l’expérience, au cœur de ce que seront les usages de demain. Le point avec son Président, René-Jacques Mayer.
Valérie Abrial
René-Jacques Mayer, Président des D'DAYS

D'DAYS a 15 ans cette année et s'apprête à fêter l'édition 2015 sur la thématique de l'expérience. Pourquoi avoir choisi ce thème ?

Evoquer l'expérience en tant que telle consiste à évoquer les aspects prospectifs du design, ce que D'DAYS fait depuis sa création. Mais pour l'édition 2015, nous avons décidé de nous consacrer à l'expérience de l'usager, qui est une nouvelle manière de percevoir le design au 21e siècle. Cette conception s'éloigne de celle du 20e siècle qui valorisait le design au sens italien du terme dans lequel le schéma consiste à dire qu'un nouveau produit est mis sur le marché en réponse à un besoin défini par l'entreprise. On fait appel à un designer pour intégrer le process de production, rendre le produit beau, économiquement viable, et correspondre au mieux à une fonction et à un usage ; puis le produit est mis le sur marché et c'est l'affaire du marketeur de le commercialiser. Aujourd'hui, on est dans un système où le designer intervient en amont, au moment où le produit est pensé ; il y a une relation d'échange avec l'usager qui fait que le produit se modifie. Finalement c'est une dimension beaucoup plus participative de la conception du design. La notion d'expérience est fondamentale dans ce qu'est le design aujourd'hui.

Est-ce une notion nouvelle aujourd'hui ?

Il y a 15 ans, lorsque D'DAYS est né, le but était de mettre en valeur des entreprises qui avaient mis le design au cœur de leur stratégie. A l'époque, il s'agissait surtout d'entreprises de mobilier et d'objets. Aujourd'hui, nous essayons de compléter cette vision de manière prospective où design thinking, design des organisations,  design de l'économie sociale se développent en France. Le rôle des D'DAYS a toujours été d'expliquer ce qu'était le design ; nous poursuivons plus que jamais cette pédagogie auprès du grand public mais aussi auprès d'une nouvelle cible qui est celle des chefs d'entreprise de tous horizons à qui nous souhaitons démontrer les vertus du design dans leur stratégie de développement. C'est la raison pour laquelle nous avons créé avec la société Artevia, Think Life International Design Forum qui se tiendra pendant quatre jours au Carreau du Temple, dont deux réservés aux professionnels.

Vous aviez déjà initié des conférences et des débats autour du design prospectif ...

C'est vrai que Think Life résulte de cette série de Talks que nous avons lancée il y a trois ans. Pour autant Think Life est une vraie innovation sur la façon de percevoir le design en France. Nous souhaitons mobiliser les entreprises afin de leur transmettre un message fort qui est : le design est un levier de croissance pour vous et l'on va vous donner les clés pour apprendre à utiliser cet outil. En fait, D'DAYS conserve son socle de départ qui correspond aussi à une identité française de la belle facture, de la sollicitation des designers au travers du travail des manufactures ou des éditeurs qui sont dans un processus d'artisanat industriel ; mais cette année, nous affichons également notre dimension prospective. Pour autant nous conservons notre démarche initiale qui est celle d'expliquer ce qu'est le design et à quoi ça sert.

Alors justement qu'est-ce-que le design aujourd'hui ?

Le leurre serait de considérer le design comme une forme de plus value de l'identité de l'entreprise qui lorsqu'elle fait appel à un designer de renom entend ajouter une dimension esthétique à son produit. On ne peut pas nier cette dimension esthétique d'ailleurs. Mais le design, ce n'est pas cela. Aujourd'hui, il y a une vraie volonté dans les stratégies des entreprises de s'attacher différemment à la question de l'usager. L'ère du marketing arrive à sa fin. Nous intégrons une ère du design au sens d'une discipline qui s'intéresse profondément à ce que va être le besoin de l'usager. C'est aussi une manière de contrebalancer toutes les problématiques de surproduction ; l'économie d'aujourd'hui s'interroge sur comment produire, plus intelligemment, plus écologiquement. Nous sommes dans l'ère de l'économie circulaire qui intègre des démarches dans lesquelles le designer a un rôle majeur à jouer. On entend souvent que le 21e siècle sera le siècle du design ; c'est une formule mais sur le fond cela révèle ce qu'est le design aujourd'hui. Le designer a la capacité d'intervenir avant la création d'un produit et après son lancement ; il intervient en amont, il anticipe sur ce qui va se passer après et intègre la question de l'expérience utilisateur. En Angleterre, cela se pratique depuis longtemps. Aujourd'hui, la France s'engouffre enfin dans ce schéma ; il y a une vraie envie et une vraie nécessité.

D'DAYS a déjà mis en valeur des expériences de design global en France...

Heureusement, il existe déjà un certain nombre d'agences de design qui intègrent la question des usages et qui fédèrent d'autres corps de métiers pour répondre au mieux à la création d'un produit. L'année dernière nous avions présenté l'exemple du Tramway de Tours  pour lequel une agence de design global avait été retenue. C'est elle qui a coordonné tous les corps de métiers, des architectes, des designers, des ingénieurs et des artistes, en inscrivant le projet dans une démarche globale et en prenant en compte les besoins de la collectivité et ceux des utilisateurs. En ce sens, on peut dire que le design joue un rôle de médiateur.

Et demain, le design...

Nous vivons dans une société de plus en plus dématérialisée ; de fait les pistes prospectives du design sont moins dans le mobilier et les objets. Quand on est un industriel, notamment dans l'automobile, on est à des projections qui sont à 5, 10 et 15 ans, des projections qui interrogent les usages de demain. La voiture sans conducteur existe, elle est prête à sortir, les tests sont faits. Reste des questions en suspens... Qu'est ce qu'on va faire dans la voiture de demain si on ne la conduit pas ? Lire son journal ? Taper des mails ? Toutes ces interrogations invitent à concevoir de façon très différente l'intérieur d'un habitacle. C'est une démarche d'anticipation. C'est pour cela que l'édition 2015 des D'DAYS fait une large place aux écoles de design, et confronte son regard avec l'international comme la Thaïlande en pays invité mais aussi avec des focus sur le Luxembourg, la création néerlandaise, la Villa Médicis et la Villa Kujoyama. Cette vision globale, prospective et internationale est le résultat de 15 années d'expérience qui font l'ADN du Festival du Design du Grand Paris.

 ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Think Life : Le forum prospectif dédié aux entreprises

Du 4 au 7 juin, en plein cœur du Festival du Design du Grand Paris, se tiendra la première édition de Think Life International design Forum coproduit par D'DAYS et Artevia. Plateforme dédiée aux usages de demain, Think Life veut être un tremplin prospectif auprès des entreprises, sur deux formats. Le Think, véritable laboratoire d'idées, d'échanges et de débats à destination des professionnels autour de sept thématiques : home, mobility, nature, work, make, humanity et society. Et le programme Share & Learn, qui présentera quatre jours d'expositions et de partage d'expériences, ouverts à tous, pour vivre de manière participative le quotidien de demain.

Think dédié aux professionnels, les 4 et 5 juin, inscriptions sur https://www.think-life.com/thinklife-international-design-forum/

Valérie Abrial

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.