Bernard Van Craeynest (CGC) : le meilleur outil d'anticipation et d'adaptation

Mercredi 3 décembre, près de 20 millions de Français, salariés et employeurs, sont appelés à élire leurs conseillers prud'homaux. Alors que les relations sociales se tendent sous l'impact de la crise économique et que vont entrer en vigueur les nouvelles règles de la représentativité syndicale, La Tribune a demandé aux leaders de six organisations de salariés de nous dire quel rôle doit jouer le syndicalisme aujourd'hui. La réponse de Bernard Van Craeynest (CGC).

C'est dans la tempête qu'émerge le courage. C'est dans un contexte de crise qu'éclate le bien-fondé du syndicat ! Il y a quelques semaines encore, on nous serinait de croissance, de marchés, de concurrence. On pointait du doigt la ringardise du combat collectif à l'heure de la réussite individuelle et de la "performance" du cadre. Aujourd'hui, on dénonce la dérégulation, l'individualisme, l'inconscience de certains patrons ou de traders fous. Des milliers de salariés, dont les entreprises encore hier se gargarisaient de beaux résultats, sont désemparés devant l'annonce aujourd'hui de leur licenciement brutal. Des milliers de salariés qui, tout à coup, se retournent vers ceux qu'on ignorait superbement, en appelant au secours: "toi, le syndicaliste, sauve-moi !"

Cela serait donc ça, le syndicalisme ? Une bouée de sauvetage ? Il faut décidément changer le regard de ceux qui nous toisent. La CFE-CGC, depuis plus de soixante ans, se bat dans l'entreprise et dans la cité pour changer les mentalités. Il n'y a pas, d'un côté, les patrons employeurs et de l'autre, les salariés victimes. Il y a une société en marche pour laquelle chacun a un rôle qui concourt à l'intérêt général. Pour un syndicat responsable, l'intérêt général se décline concrètement dans sa participation à la mise en ?uvre de règles normatives qui font l'objet de négociations dans et hors de l'entreprise. Parce que tout se négocie; l'a-t-on oublié aujourd'hui !

Ainsi, la crise du syndicalisme aurait-elle sa source dans l'amnésie qui frappe nos dirigeants et, pour tout dire, les Français dans leur ensemble ? Oublié, le syndicalisme qui a mis sur pied et qui entretient notre système de protection sociale. Oublié, le syndicaliste administrateur qui déploie des trésors d'abnégation pour assurer le fonctionnement d'institutions que tout le monde considère comme étant "de droit" : Agirc, Arrco, Apec, maladie, famille, logement... Oublié, le militant qui prend sur son temps de travail pour animer un comité d'entreprise bien souvent garant de la pérennité de l'entreprise elle-même. Oublié, le conseiller du salarié ? encore un syndicaliste ? qui éclaire l'employé sur la meilleure façon d'aborder une difficulté professionnelle. Oublié, le conciliateur qui sauve la tête de celui qui se trouve désarmé devant la machine à broyer les faibles, ou le conseiller prud'homal qui dit le droit avec son expertise et sa connaissance de l'entreprise.

La CFE-CGC fonde son action d'abord sur les valeurs « piliers » de toute démocratie sociale : humanisme, éthique, sens des responsabilités, dialogue constructif. C'est tout le motif de son engagement pour défendre les intérêts de celles et ceux qu'elle représente, mais aussi pour conserver aux notions de solidarité collective tout leur sens : ses partenariats avec le Téléthon, avec l'association d'économie solidaire France Active, avec l'Agefiph pour l'insertion des personnes handicapées témoignent de sa volonté d'intégrer toutes les valeurs, tous les talents. Elle milite aussi en faveur de l'épargne salariale, elle s'approprie les principes de développement durable, elle s'implique concrètement dans toutes les structures liées à la santé, au travail, elle agit en faveur de la mixité professionnelle...

Mais aujourd'hui, qui profite de cette implication ? Dans neuf entreprises sur dix, ce sont près de douze millions de personnes qui n'ont pas accès à une représentation du personnel... alors que, comble de l'incohérence, une loi dite de démocratie sociale vient de réduire au seul niveau de l'entreprise toute l'expression des salariés. Une absurdité entretenue par ceux qui nous gouvernent.

La crise actuelle a le mérite de rappeler à tous ceux qui sont frappés, qu'il existe une régulation naturelle dans notre économie : le syndicalisme. Bien pensé, responsable, il est le meilleur outil d'anticipation et d'adaptation pour nos entreprises. Il est temps de lui donner les moyens de sa vocation : nous devons passer d'un droit au militantisme reconnu à contrec?ur, à l'établissement d'un véritable contrat d'engagement social. Notre économie ne s'en portera que mieux.

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Effectivement quand on a affaire à des syndicats de ce genre, on comprend qu'il sont nécessaires et bénéfiques. mais que penser du syndicalisme d'opposition et de blocage, majoritaire en France?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bonjour, Remarquable article, plein de sen et fondés sur les valeurs. Bémol, Quand on est DS et dans la difficulté, que l'on vous écrit, la réponse se fait attendre. Peut-ètre, un jouir, qui sait ? Cordialement

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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OK POUR METTRE LE BORDEL RIEN DE MIEUX POUR L'ECONOMIE FRANCAISE EXP: AUTOMOBILE NOMBRE DE CAMIONS ET FERROUTAGE EN PARTANCE ET RETOUR D'ESPAGNE MAIN D'OEUVRE MOINS CHERE LA FAUTE A QUI BONNE QUESTION???? LE MAITRE A CE JOUR EN MATIERE D'EMPLOI PATRO...

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