L'innovation en danger !

Par Bruno Menard, président du Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises).

La planète n'épargne pas l'un des premiers secteurs économiques mondiaux?: les technologies de l'information. Nous aurions pu nous croire relativement protégés par le dynamisme historique des marchés technologiques. Hélas, il n'en est rien.

Cette crise bouscule à la fois la demande et l'offre. Les grandes entreprises vont réduire le nombre, le coût et l'envergure de leurs projets systèmes d'information pour conserver ce qui est vraiment prioritaire. Pour leur part, les fournisseurs, déjà secoués par un mouvement de concentration qui va s'accélérer et renforcer l'influence de certains acteurs, n'ont d'autre choix que de s'adapter à cette nouvelle donne qui fragilise leurs ventes et met à mal leur trésorerie.

Si nous n'agissons pas, cette crise exacerbera deux risques majeurs. La première menace concerne l'innovation. La crise crée des ruptures, à la fois pour nos entreprises et pour les éditeurs de logiciels. Dans nos entreprises, les technologies de l'information constituent un levier incontournable de création de valeur, de performance économique et d'innovation. A l'ère de l'individu et des marchés numériques, les enjeux sont de fidéliser les clients et d'élargir les parts de marché?: les directeurs de systèmes d'information (DSI) sont mis à contribution pour atteindre ces objectifs. Mais développer l'usage des systèmes d'information comme facteur de création de valeur ne se conçoit que comme un mouvement continu.

Aussi, la crise d'aujourd'hui doit plus que jamais... nous pousser à imaginer l'innovation de demain. Il serait tentant, pour nos entreprises, de sacrifier ces efforts sur l'autel de la crise, pour s'apercevoir ensuite, mais trop tard, que, faute d'innovation, leur compétitivité est menacée. Ainsi, la prudence qui les conduit à réduire le nombre de projets, geler les recrutements ou privilégier les retours sur investissements les plus immédiats, si elle est pertinente à court terme, ne l'est pas à moyen et long terme.

Le risque concernant l'innovation touche aussi les éditeurs de logiciels. La concentration des acteurs se traduit souvent par un ralentissement du rythme d'innovation, nous l'avons observé par le passé. Les pressions sur les éditeurs de logiciels vont les pousser à sacrifier le long terme pour privilégier des résultats immédiats. Comment vont-elles se manifester?? Nous le constatons déjà?: par une augmentation des coûts de maintenance, sans bénéfices tangibles pour les entreprises, par une complexité des politiques de licences, par des plans de développement des produits de plus en plus illisibles... Les éditeurs de logiciels ont de bonnes raisons d'être nerveux face aux échéances financières. Mais ils jouent un jeu dangereux.

Car, et c'est la seconde menace que cette crise exacerbe, les relations entre les fournisseurs et leurs clients vont se détériorer. La multiplication anarchique, au cours de ces derniers mois, des audits de droits d'usage, ainsi qu'une agressivité commerciale malsaine n'en sont que les effets les plus visibles. Cette stratégie est contre-productive pour les éditeurs de logiciels. Les entreprises clientes ne vont-elles pas privilégier des solutions alternatives à partir des logiciels libres ("open source")?? Durcir les phases de négociation des contrats?? Remettre en cause les projets, du moins ceux qu'elles auront réussi à préserver, faute de flexibilité dans les règles tarifaires, de lisibilité des conditions contractuelles??

De fait, les éditeurs de logiciels jouent un jeu dangereux?! Car transformer le climat de méfiance qui menace de s'installer durablement en un climat de confiance, un équilibre raisonnable entre les éditeurs de logiciels et leurs clients, est possible. Nous en sommes convaincus.

Pour cela, trois conditions doivent être réunies?: d'abord, que les fournisseurs tiennent leurs promesses et ne se fourvoient pas dans la voie dangereuse des modifications contractuelles unilatérales. Ensuite, que leurs politiques commerciales s'adaptent à nos nouveaux défis économiques et technologiques. Enfin, que les fournisseurs proposent de nouveaux services pérennes et suscitent de nouveaux usages. Il en va de notre crédibilité partagée, condition incontournable pour que le développement compétitif des systèmes d'information se poursuivent dans les grandes entreprises françaises.

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Commentaires 4
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Que vous dire, si ce n'est,si vous avez la prétention d'aborder l'innovation, de faire au moins l'effort de lire ne serais-ce qu'un minimun, commencer par exemple par "structure des révolutions scientifiques" de Thomas Khun, et apprener à relativiser...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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L'innovation est d'autant plus en danger, que le seul outil d'incitation est fiscal avec le crédit d'impôt recherche et que l'aide directe est menacée !!!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je ne ferais pas de commentaire sur l'article de base que j'approuve mais j'avoue être abasourdi par le commentaire totalement idiot et prétentieux - c'est un minimum - du 16/01/2009 à 18:41

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Henri LECLERCQ senior, trouveur L?INNOVATION IMMATÉRIELLE et porteur du projet d?innovation national pour l?emploi, contre le chômage ! ?l?îlotier Commercial? ou ?I.C.? 3 AVIS DE RECHERCHES AVIS DE RECHERCHE N° 1 (amont) INSTANCE, LEAD...

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