Actifs toxiques : le nouveau jackpot !

Par Valérie Brunschwig-Segond, journaliste à La Tribune.

Un nouveau scandale se profilerait-il derrière le plan Geithner de sauvetage des banques qui prévoit le rachat de leurs actifs toxiques par des fonds public-privé ? L'idée était de rendre le rachat de ces actifs suffisamment intéressant pour faire renaître un marché, donc une valeur. C'est réussi ! L'affaire paraît en effet si alléchante que tous les gérants de fonds travaillent d'arrache pied à la préparation d'un dossier de candidature pour le 24 avril.

Il faut dire qu'avec un prêt de la Fed qui portera sur 66% de la valeur des créances hypothécaires, lesquelles seront achetées à une fraction de leur valeur d'origine, les investisseurs prendront des risques limités. Avec une espérance de gains élevée, sachant que 50% des gains leur reviendront. Bref, ce plan a déjà des allures de jackpot !

Pour ceux qui ont de l'argent, mieux vaut acheter des actifs toxiques avec un tel filet de sécurité, que des actions de banques dont les bilans n'ont pas encore subi tous les effets de la crise. Seulement, le contribuable peut-il accepter que les banques elles-mêmes y participent en se portant candidates à l'acquisition et à la gestion de ces actifs ? Car si le plan a prévu qu'elles ne puissent se les acheter à elles mêmes, rien pour l'instant ne les empêche de se les acheter entre elles, à un prix tel que toutes s'y retrouvent.

Flairant l'aubaine, Citigroup, Goldman Sachs, Morgan Stanley et JP Morgan sont dans les "starting blocks". Voilà qui serait immoral : le contribuable américain, qui croyait aider les banques à se débarrasser des actifs toxiques pour faire repartir le crédit, ne manquerait pas de découvrir qu'il va surtout les aider à en acheter pour faire une belle opération. Et surtout, inefficient : tout faux marché ne peut que différer la sortie de crise comme l'a montré l'échange d'immeubles, à un prix artificiellement élevé, par les compagnies d'assurance françaises dans les années 90.

Car ces pratiques empêchent l'évacuation même des actifs toxiques. Voilà pourquoi, alors que les premières protestations se font entendre, Tim Geithner a du élargir les conditions d'accès à ces fonds public-privé aux "hedge funds".

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ecoeurant, les lobbies financiers ont encore gagné et voici la première déconvenue pour ceux qui attendaient beaucoup d'Obama.

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