Discriminations : le su et le cru

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Discriminations : tonner contre, comme aurait dit Flaubert. Et lutter contre, opinent dans un consensus impressionnant les salariés du privé (à 96%) et les agents de la fonction publique (à 99%). Avec un tel résultat à la première question du sondage réalisé pour la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations) et l'OIT (Organisation internationale du travail), on pourrait s'attendre à ce que le sentiment de discrimination soit massif, majoritaire même, sur le lieu de travail. Ce n'est pourtant par le cas, même si ce sentiment est en hausse de trois points par rapport à l'an dernier.

Les salariés du privé sont 28% à dire avoir été victimes de discriminations (les fonctionnaires, 22%). En revanche, 38% des salariés du privé (les fonctionnaires, 37%) assurent avoir été témoins de discriminations. Ceux qui les ont vécues n'évoquent pas les mêmes causes de discrimination que ceux qui les ont vues. L'origine ethnique, par exemple, est citée comme première cause de discrimination par les témoins, mais seulement comme troisième cause par les victimes, qui évoquent d'abord l'âge, ensuite les convictions politiques ou syndicales.

On retrouve là un grand classique des enquêtes d'opinion en France : les sondés trouvent toujours que la situation générale est plus grave que leur situation à eux. Et lorsqu'on rentre dans les détails, on s'aperçoit qu'ils ne croient pas, en majorité, qu'il y a un inconvénient, pour accéder au travail dans leur entreprise (ou service), à faire partie d'un groupe supposément discriminé : Français d'origine étrangère, femme, handicapé, homosexuel, syndiqué ou originaire des DOM.

En revanche, quand il s'agit des entreprises en général, trois groupes sont vus comme particulièrement malchanceux : les gens du voyage, les plus de 45 ans et les handicapés. Et les femmes ? Et les jeunes ? Et les Noirs ? Et les étrangers ? Pour tous ces groupes, la plupart des sondés ne voient pas de problème. Instructif.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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La question est plutôt de savoir pourquoi il faut absolument procéder à une substitution de population sous peine de sanctions? Remplacer les populations autochtones par des populations allogènes implique une pensée politique précise à but précis,pe...

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