"Excess as usual"

Par Philippe Mabille, éditorialiste à La Tribune.

And the winner is? Goldman Sachs (GS). La crise financière n'a pas fait que des victimes. Tels les naufragés de "Lost", dans l'île des banquiers d'affaires disparus, il y a une prime aux derniers survivants et la loi du plus fort s'impose plus que jamais. Goldman Sachs sort de la crise plus fort qu'avant et devient le nouveau symbole, avec Microsoft, Google et Coca-Cola, du leadership américain. Après le choc de la faillite de GM (General Motors), doit-on désormais dire que "ce qui est bon pour GS est bon pour l'Amérique" ?

En affichant son insolente santé, avec des profits en hausse de 33% pour le deuxième trimestre, la célèbre banque d'affaires redonne du lustre à Wall Street, où l'on ne rêve que d'une chose : revenir au "business as usual". Goldman Sachs, qui se paie le luxe de rembourser les aides fédérales et de reprendre le versement à ses dirigeants et ses "traders" de salaires mirobolants. Rien qu'au premier semestre, 11,4 milliards de dollars sont prévus !

Faut-il se réjouir ou s'inquiéter du retour de ces excès, dix mois jour pour jour après avoir tremblé, le 15 septembre 2008, devant la faillite d'un autre géant de Wall Street, qui a failli faire sauter la planète finance ? Beaucoup ont attribué la chute de Lehman Brothers à un complot fomenté par Goldman Sachs, son principal rival, avec la complicité de l'ancien secrétaire au Trésor de George W. Bush, Hank Paulson, un ancien de GS. Pur fantasme ? Peut-être, mais force est de constater que la crise, en triant le bon grain de l'ivraie, a renforcé les tendances monopolistiques du capitalisme financier.

En ce sens, les résultats mirifiques de Goldman Sachs ne sont pas vraiment surprenants. Ils sont plutôt de bon augure pour les banques qui s'apprêtent à publier leurs comptes trimestriels et qui, depuis début mars, ont vu la capitalisation boursière de leur secteur quasiment doubler, aux Etats-Unis comme en Europe. Mais il est vrai que l'on partait de très bas. Pour les gouvernements du G20, qui tentent de mieux encadrer les activités des banques, les profits spectaculaires de Goldmans Sachs sont en revanche un sévère camouflet.

Alors que les décisions prises au G20 de Londres pour imposer plus de transparence aux marchés financiers peinent à prendre corps, la rapidité apparente du retour à la normale risque de refermer la fenêtre étroite dont disposent les politiques pour ramener les financiers à la raison. Un défi de plus pour Barack Obama qui depuis quelque temps semble moins enclin à mettre au pas Wall Street ? La réponse tient sans doute dans cette formule : "regardez qui a financé sa campagne."

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Commentaires 5
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Fondamentalement, on peut s'attendre à ce que rien ne change. Jusqu'à la prochaine crise. Qui verra apparaître à nouveau une certaine forme de comédie médiatique pour faire croire au bon peuple de toute nationalité " Plus jamais cela "... ... Dé...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Avec le risque d'écoeurer un peu plus les masses dites populaires, méprisées par ces soit disants maîtres du monde, comme ils aiment à se faire passer plus ou moins officieusement, et dont les réactions peuvent un jour devenir fatales à ces financier...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ils n'ont apparemment pas compris l'avertissement. En janvier, tout a failli s'écrouler. Il y aura une autre crise, nous repartons tant bien que mal sur les mêmes bases.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Un p'tit tour et ça repart! Déjà oubliée la crise pour "ces gens là", quant aux centaines de milliers de personnes qui ont perdu leur job...."too bad for them"! Et qu'on ne vienne pas nous parler de "moraliser" le capitalisme svp! Plus personne n'e...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le concept "mutualisation des pertes, privatisation de profits" semble avoir encore de beaux jours devant lui . Hélas, tant que l'Europe ne se décidera pas à faire pièce a Wall Street de façon plus décidée (Londres + Francfort + Paris + Amsterdam et...

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