Oui, je suis favorable à la taxe carbone

La taxe carbone doit être suffisamment élevée pour être efficace. Un mécanisme de bonus-malus permettrait d'assurer une certaine neutralité pour les ménages les plus modestes. Mais elle doit aussi s'inscrire dans une refonte plus large de notre fiscalité.

Depuis plusieurs jours, le débat s'est emballé sur la taxe carbone. Un sentiment de confusion s'est installé à propos de la position des socialistes après l'intervention de Martine Aubry et les déclarations étonnantes de Ségolène Royal, qui commet une grave erreur d'appréciation. Dès lors, je doute qu'elle soit la candidate écologiste qu'elle prétend incarner. Nous devons dire la vérité aux Français et refuser tout populisme dès que l'on touche à la fiscalité. Prenons d'autant plus nos responsabilités alors que le gouvernement s'apprête à dénaturer la taxe carbone tant dans sa finalité que dans ses modalités de mise en œuvre.

Il s'agit, pourtant, d'un enjeu fondamental, sans doute même, à l'échelle de l'humanité, du seul et véritable défi que nous devons affronter?: la sauvegarde de la planète et donc la survie de l'espèce humaine. Progressivement, une prise de conscience a eu lieu et chacun reconnaît qu'il nous faut changer radicalement nos comportements et, au-delà des discours, passer aux actes. La taxe carbone , ou contribution climat-énergie, est un des outils qui doit nous permettre de lutter contre le réchauffement climatique.

Plus le montant de la taxe carbone sera élevé, plus les répercussions seront importantes pour les Français. Le faible niveau, de l'ordre de 14 euros la tonne, décidé par le gouvernement, est loin du seuil proposé dans le rapport du comité d'experts présidé par Michel Rocard et rend difficile les 100 euros la tonne de CO2 en 2030 pour atteindre les objectifs français de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Si on démarre trop bas, cet objectif ne sera jamais atteint et on prend le risque de disqualifier la pertinence de cette mesure fiscale.

La France doit donner l'exemple alors que la plupart des candidats à l'élection présidentielle en 2007, dont Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, avaient signé le pacte de Nicolas Hulot dans lequel l'instauration d'une contribution climat-énergie figurait en bonne place. Cette fiscalité doit aussi intégrer, comme le préconisait le Grenelle de l'environnement, ce que semble avoir oublié François Fillon, la consommation d'électricité et notre programme électronucléaire car il ne s'agit pas de se limiter uniquement aux énergies fossiles quand bien même elles seraient la principale source d'émissions polluantes. Nous avons la responsabilité d'inciter aux économies d'énergie car nous savons bien que nous entrons dans une période où les coûts écologiques et sociaux vont frôler le seuil d'alerte.

Il est vrai que ces décisions sont difficiles à prendre car il faut les imposer en pleine crise financière et économique. Il va donc de soi que la taxe carbone doit être à une hauteur suffisante. Mais elle ne doit pas pénaliser les ménages modestes qui sont obligés d'utiliser leur voiture du fait de leur éloignement des centres urbains ou de leur emploi, faute de transports collectifs suffisants. C'est pourquoi, je propose un mécanisme de bonus-malus permettant d'introduire une modulation de la taxation en fonction des comportements, d'avoir des effets redistributifs entre les ménages et de garantir la neutralité d'une telle mesure pour les familles modestes et les classes moyennes. Il faut dans les prochaines semaines se mettre d'accord sur l'évolution programmée dans le temps de son niveau et sur ses modalités précises, comme toujours, le diable peut se nicher dans les détails.

Il ne faut pas que cette taxe apparaisse enfin comme un moyen de remplir les caisses vides de l'Etat et d'être un nouvel impôt déguisé. Elle ne peut se substituer à la suppression de la taxe professionnelle ni être prétexte à un transfert de charges des entreprises vers les ménages. Son produit doit être pour une large part affecté aux investissements nécessaires pour soutenir les énergies renouvelables, la mise aux normes de l'habitat, financer les transports publics ou le développement de véhicules électriques ou propres sur lesquels les constructeurs ont pris du retard.

Je suis persuadé que la taxe carbone doit aussi s'inscrire dans un débat plus large sur le poids des prélèvements obligatoires et la profonde refonte de notre système fiscal qui a tendance ces dernières années à privilégier la rente et la spéculation au détriment du produit du travail. La gauche a besoin de clarifier ses idées sur le subtil équilibre à trouver entre la fiscalité directe et indirecte, la part croissante des ménages et celle décroissante des entreprises, l'injustice insupportable de la fiscalité locale et la prolifération inadmissible des niches fiscales - que la droite ne veut plus réformer - qui privilégient les plus aisés. Je suis convaincu que nous pouvons ainsi convaincre nos concitoyens que la gauche peut demain incarner une alternative crédible à Nicolas Sarkozy qui a multiplié les privilèges et les cadeaux fiscaux aux plus fortunés. Il s'agit pour la gauche de donner un nouveau cap à notre pays et nous savons bien que la réforme de la fiscalité est au cœur d'un changement de politique économique et sociale parce qu'elle contribue à renforcer la justice sociale et l'efficacité économique.

Moderniser notre pensée, bâtir une alliance durable avec les écologistes, dire la vérité aux Français, tenir compte de la réalité du monde et de la société nous obligent, à aborder ce débat avec sérieux et esprit de responsabilité. La confrontation est salutaire, ayons un discours de vérité. C'est ainsi que nous apporterons de l'espoir et de l'optimisme?!

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Commentaires 17
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je ne suis pas sur que Valls est tout a fait tort ! C'est un moderniste et Ségolène Royal une vraie populiste opportuniste. SP

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Normal, il ne la paiera pas. Chercher l'erreur ??? Il faut qu'il arrête de se prendre pour le centre du monde et sorte de sa crise de puberté.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Pauvre Valls !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Quid de l'aménagement du territoire, de ces petits villages loin de tous commerces, où le véhicule est vital, où il n'y a ni transport en commun, ni tout à l'égout ni gaz naturel, une fois de plus ceux qui ont fait le choix de faire vivre ces village...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Facile à dire pour vous, Monsieur Valls... puisque vous ne serez pas touché! Cette taxe est tout simplement la porte ouverte à la désertification de nos campagnes, déjà fortement touchées par le manque d'infrastructure. Vous parrlez d'écologie? La...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Combien avez-vous de milliers d'euros par mois Mr Valls ? Pour payer ce supplément, entre votre voiture de fonction, vos bureaux chauffés par la collectivité, vos indemnités diverses vous ne risquez rien d'être favorable à une nouvelle taxe. Pour mo...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Pourquoi la france doit donner l'exemple? Elle a su faire l'effort du nucléaire, et s'en est bien sortie question émission de gaz. Aux autres pays d'en faire autant. NON à cette taxe stupide, et nous voterons utile désormais.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bravo Enfin un camarade osant l'impossible : lier impératif écologique et solidarité. La taxe Carbone de M Sarkozy est un nouvel non événement politique, une autre réformette qui pourrira naturellement dans les cartons de l'administration. 14 euro...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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(suite) la responsabilité qui nous incombe dépasse de loin les traditionnelles joutes politiciennes dont nos démocracies occidentales ont le secret. Sur ce dernier point, le courage politique de M Valls mérite d'être salué. En se positionnant sur le...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Monsieur VALLS, je ne voterai pas pour vous! IL n'est pas prouvé que nos "élites" aient eu la main heureuse dans la préparation de notre futur; revenez sur terre et proposez-nous une gestion moins CATHOLIQUE et plus respectueuse des électeurs, purita...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Quand on lit les commentaires absurdes et insultants sur la tentative d'un homme politique pour clarifier sa position, on comprend vraiment pourquoi la démocratie est représentative. Si on écoutait vraiment la "base", on ne paierait pas d'impôts le v...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Comme disait Coluche, nous sommes tous égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que d'autres

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Merci M VALLS de votre article. Oui il faut dire la vérité aux Français. L'objectif de -23% de consommation d'énergie en 2020 ne se fera pas sans une multitude d'action. Aujourd'hui pour isoler un logement ou installer un ballon solaire pour produir...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Oui à votre article M VALLS. La contribution Climat doit nous aider à changer, si nous restons tous avec notre confort et attendons que ce soit les autres qui agissent nous nous retrouverons avec une planète réchauffée de 4 à 7 °C, des réfugiés clima...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Valls ce que Valls !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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A quand votre prochaine entrée au gouvernement! Car avec votre article même Mr Sarkozy n'aurait rien à en dire! Je propose que vous soyez nommé ministre de l'application de votre proposition qui pénalisera le plus grand nombre au détriment des "masse...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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" moderniser notre pensée " elle est bonne ! ces socialistes innovent toujours ça doit plaire à Sarkosy car il lui faut un troisième homme ( c'est écrit ) pour consolider les neurones des deux autres. Nous serons les seuls au monde à prétende limiter...

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