Un CNRS ouvert et stratège pour le XXIème siècle

Fondé par le décret-loi du 19 octobre 1939, le CNRS est le plus grand organisme français de recherche scientifique. En 2009, il emploie environ 30.000 personnes, dont 11.700 chercheurs. Pour ce 70ème anniversaire, Valérie Pécresse plaide pour un CNRS ouvert aux universités. En s'affirmant comme une agence de moyens, le CNRS sera de plus en plus stratège dans la mise en œuvre des nouveaux projets de recherche, notamment ceux envisagés avec le lancement du "grand emprunt national".

Le Centre national de la recherche scientifique fête ses 70 ans. Pour notre pays, c'est l'occasion de se souvenir de tout ce qu'il doit aux scientifiques du CNRS et de leur rendre l'hommage qu'ils méritent : sans eux, sans leur imagination, et leur audace, la recherche française ne serait pas ce qu'elle est. Et nos vies non plus !

Le CNRS est présent sur tous les terrains de la conquête du savoir, du site archéologique de Karnak au c?ur des galaxies. Rares sont aussi ceux qui, parmi nos plus grands scientifiques, ne sont pas passés à un moment ou à un autre par le CNRS. George Charpak, Jean-Pierre Serre, Luc Montagnier y ont trouvé l'environnement favorable dont ils avaient besoin pour mûrir leurs projets scientifiques. Avec, pour résultat, des avancées décisives pour la recherche fondamentale, mais aussi appliquée. Sans la spintronique d'un Albert Fert, les disques durs de nos ordinateurs et de nos baladeurs MP3 n'existeraient pas...

Ces succès du CNRS lui crée des obligations. En tout premier lieu, celle de constamment s'ouvrir à de nouveaux partenaires, en luttant contre la tentation de se suffire à lui-même parce qu'il englobe toutes les disciplines. Car sa première vocation, c'est d'irriguer l'ensemble de notre système de recherche et, à travers lui, la société et l'économie françaises. Le CNRS a toujours su prendre des risques pour faire émerger les nouveaux talents, et les nouvelles technologies : nous devons permettre aux étudiants, aux entreprises, mais aussi à la société française d'en bénéficier plus directement encore.

C'est pourquoi un partenariat renforcé doit désormais unir le CNRS à nos universités, pour favoriser la transmission de la passion de la recherche et de l'innovation des chercheurs aux étudiants. Nos universités autonomes ont vocation à devenir des acteurs puissants de notre recherche. Le CNRS doit les y aider.

Depuis sa création, le CNRS n'a cessé de tisser des liens de plus en plus étroits avec l'enseignement supérieur. Les unités mixtes en sont la meilleure preuve : elles sont le lieu où convergent les projets scientifiques de nos organismes et de nos universités. A mes yeux, elles sont le socle sur lequel ce nouveau partenariat pourra se construire. C'est pourquoi je veux les conforter en allégeant les formalités administratives qui compliquent la vie quotidienne des chercheurs et en instaurant une évaluation unique externe par l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur.

Au travers de ces unités, ce qui se joue en effet, c'est le rôle même du CNRS : s'engager dans la durée auprès des universités et le faire autour de projets ambitieux... En s'affirmant davantage comme agence de moyens, tout en continuant à exercer ses responsabilités de tutelle scientifique, le CNRS sera renforcé dans sa fonction de stratège au niveau national.

Cette mission est au c?ur de sa réorganisation en dix instituts. Parce qu'ils incarneront des disciplines fortes, ces instituts pourront financer les meilleurs laboratoires et cultiver une véritable et indispensable interdisciplinarité. Ils feront également vivre le dialogue stratégique que le CNRS entretient avec ses partenaires universitaires, mais aussi avec le monde économique. Ce rôle de stratège, le CNRS doit bien évidemment l'assumer en lien étroit avec les autres organismes de recherche. C'est tout l'objet des alliances qui unissent désormais l'ensemble des acteurs scientifiques dans le domaine des sciences de la vie ou dans le secteur de l'énergie et bientôt, je l'espère, autour de l'informatique. Leur but est simple : coordonner notre effort de recherche pour répondre aux grands défis de notre temps, dans des domaines clés où elle apparaît trop fragmentée.

Les progrès de la recherche seront aussi plus rapides encore si le CNRS dynamise sa politique de propriété industrielle pour faciliter les transferts de technologies vers l'économie, marquant ainsi son entrée dans l'ère de l'innovation ouverte. Pour accompagner les entreprises qui se créent en son sein ou avec lui, le CNRS devrait dans des délais brefs leur proposer des droits privilégiés sur les brevets, car c'est souvent leur seule chance de trouver les capitaux indispensables à leur développement et leur croissance.

Car c'est de la recherche fondamentale et finalisée que dépend notre avenir. C'est vrai en matière de développement économique et d'emploi, mais c'est vrai aussi pour la santé ou l'environnement. Ces grands défis sont au c?ur de la Stratégie nationale de recherche et d'innovation élaborée en étroite concertation avec l'ensemble de la communauté scientifique.

Avec le grand emprunt, nous tenons une occasion unique de transformer cette vision stratégique en projets concrets. S'ils sont retenus, le CNRS sera au c?ur de leur mise en ?uvre : observatoires de l'environnement, photovoltaïque, supercalculateur... C'est grâce au CNRS et à la recherche que nous accomplirons un saut scientifique et technologique vers le XXIème siècle. Peut-on rêver plus belle façon de fêter dignement l'anniversaire du premier de nos organismes scientifiques ?

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