Finance : la réforme silencieuse

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Dans un pays sujet à l'autodénigrement, il est bon de le souligner. Bercy, les autorités de contrôle et tous les acteurs du marché parisien sont en voie de réaliser un tour de force. Aussi discret qu'efficace. Il s'agit tout à la fois de conforter la place financière de Paris, d'appliquer les recommandations de transparence décidées par le G20 et de faciliter le financement des entreprises. Le tout, de façon concertée et volontariste, pouvoirs publics et entreprises travaillant pour une fois dans le même sens.

L'annonce, lundi, d'un vaste projet de relance du marché obligataire parisien en euro en est l'illustration. Aujourd'hui, 85% des obligations émises par les grands du CAC 40 le sont à l'étranger. Au Luxembourg, pour l'essentiel, tant le grand-duché - un paradis fiscal et réglementaire tout de même - domine ce marché.

Pour en rapatrier une partie, le droit des appels publics à l'épargne a été modernisé, les acteurs de la place préparent le lancement d'une plate-forme de négociation des titres obligataires, et 24 grandes sociétés françaises, de Danone à Total en passant par BNP Paribas ou GDF Suez, s'engagent à effectuer à Paris 50% de leurs émissions de titres d'ici à 2011 !

Le succès n'est pas garanti, bien sûr, mais la convergence est d'autant plus remarquable qu'elle poursuit le travail effectué depuis deux ans par le Haut Comité de place (HCP) constitué par la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. Un travail de simplification réglemen-taire et administrative, ainsi que de rénovation et de renforcement de la supervision financière, et qui doit être prolongé par l'élaboration de mesures aidant au financement des PME.

Tout est fait pour simplifier la vie des entreprises et lutter contre l'opacité des marchés. Le tout, sans déclarations intempestives ni propos de fier-à-bras. Cela rend d'autant dommageable l'image brutale et maladroite que Paris a donnée de ses interventions sur les bonus des banquiers et dans le dossier Renault. Cela s'appelle ruiner, en quelques mots, un travail cohérent et utile.

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Commentaire 1
à écrit le 20/01/2010 à 7:22
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Excellent article qui prouve que nous avons une ministre des finances compétente et efficace. Sur le bémol final il faut cependant bien considérer qu'il est très difficle de gouverner dans notre pays où l'opinion publique croit tout savoir et porte s...

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